L'immigration clandestine entraîne dans son sillage toutes les autres formes de criminalité transfrontalière et menace la santé publique. C'est un tableau noir qu'ont dressé les spécialistes hier à propos du phénomène grandissant de l'immigration clandestine en Algérie. En effet, lors de la journée parlementaire organisée par l'APN sur le thème de «La protection de l'économie nationale», les intervenants n'ont pas mâché leurs mots pour démontrer l'ampleur de ce phénomène qui menace le pays. Certains l'ont même qualifié de «danger public». Selon le colonel Djamel Abdessalam Zeghida, chef du département de la police judiciaire au niveau du commandement de la Gendarmerie nationale, «ce phénomène constitue pour nous une vraie menace de sécurité publique et de santé publique. C'est un vrai danger», a-t-il déclaré hier. Lors de sa communication sur le thème du contrôle du flux migratoire aux frontières, il a expliqué que «l'Algérie, auparavant pays de transit, est en passe de devenir un pays de fixation et d'installation». Selon lui, les immigrés clandestins qui arrivent des pays africains voisins, du Sahel ou même des pays asiatiques, ne transitent plus par l'Algérie pour se rendre au Vieux Continent, mais ils viennent plutôt pour s'y installer. Et d'avancer trois facteurs pour expliquer cet état de fait: «La fermeture des frontières avec l'Europe et la mise en place de l'espace Schengen, l'évolution économique en Algérie, ce qui veut dire plus d'emplois, et la crise financière qui ne favorise pas les immigrés clandestins» a-t-il avancé. Pour étayer ses propos, M.Zeghida avancera que «70% des immigrés clandestins qui arrivent en Algérie y restent et seuls 30% rejoignent l'Europe». Et d'ajouter que «les chiffres sont en constante progression, rien que pour le début de l'année 2009 près de 700 immigrés clandestins ont été interpellés et on s'attend à 9000 cas à la fin de l'année». Quant à leurs profils, le colonel a indiqué que «les immigrés de plus de 40 ans restent généralement en Algérie et ceux de moins de 40 ans préfèrent aller en Europe (...) Quant au niveau scolaire, c'est généralement les moins instruits, ceux du niveau primaire et secondaire qui restent ici parce qu'ils pensent qu'ils ont plus de chances. Les plus instruits, lycéens et universitaires partent en général». Ce qui constitue, selon l'orateur, un véritable danger public tant d'un point de vue sécuritaire que sanitaire. En effet, selon lui, l'immigration clandestine entraîne dans son sillage toutes les autres formes de criminalité transfrontalière, ce qui accroît l'insécurité dans le pays. «Elle est même élargie à la délinquance sur la voie publique» dira-t-il. Il illustre ces propos en déclarant que «ces immigrés clandestins se constituent parfois en groupes ou en réseaux et rackettent et volent les citoyens en les agressant. (...) A Sétif, un homme a été agressé, dépouillé de son véhicule et même de ses habits par des immigrés clandestins qu'il avait pris en stop». L'autre menace, encore plus grave, est la santé publique. «Ces immigrés véhiculent dans leur majorité des maladies transmissibles», a-t-il expliqué. Par ailleurs, une douzaine d'autres communications ont été présentées lors de cette journée parlementaire. Elles portaient essentiellement sur la lutte contre le crime transfrontalier, la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, la lutte contre l'évasion fiscale, le trafic des stupéfiants, la cybercriminalité ainsi que la lutte contre le pillage des biens culturels.