Les analystes de la banque américaine Goldman Sachs ont relevé de plus de 20 dollars leurs prévisions pour les trois prochains mois. Les cours du pétrole ont repassé hier la barre des 70 dollars le baril, plus franchie depuis début novembre, après l'annonce d'un ralentissement plus fort que prévu des pertes d'emploi aux Etats-Unis, un nouvel indice en faveur de la reprise économique. L'économie américaine a détruit en mai beaucoup moins d'emplois que les mois précédents et moins que prévu par les économistes, mais le taux de chômage a fait néanmoins un bond inquiétant, selon les chiffres publiés hier par le département du Travail. Très attendu, cet indicateur a galvanisé le marché pétrolier, emmenant les cours du pétrole à 70,32 dollars à New York, un plus haut depuis le 4 novembre. A Londres, le prix du Brent de la mer du Nord s'est envolé à 69,91 dollars. Au cours des dernières séances, un nouvel état d'esprit s'est installé sur le marché: les investisseurs parient que la reprise économique va relancer la demande et éponger les surplus faisant ressurgir d'ici à deux ans le spectre de pénuries d'énergie. Les chiffres de l'emploi US ont conforté chez les investisseurs l'espoir que la reprise est en vue. A ce rythme, les cours de l'or noir pourraient tutoyer la barre des 90 dollars d'ici la fin de l'année 2009. Une bien bonne bouffée d'oxygène pour l'économie algérienne. Un soulagement certain pour Ahmed Ouyahia qui aura la délicate tâche de mettre en oeuvre le programme sur lequel a été réélu, pour la troisième fois consécutive à la magistrature suprême, Abdelaziz Bouteflika en avril 2009. Réaliser, en l'occurrence, le million de logements et créer trois millions d'emplois. La conjoncture financière qui s'annonce sous de meilleurs auspices, qu'elle n'en avait l'air, augmente les chances de voir se concrétiser ces chantiers dans les délais (2009-2014) et éloigne de manière tangible la thèse du «scénario fiction». Les indicateurs sont en train de démentir les pronostics les plus établis. Le marché pétrolier semble retrouver de sa superbe malgré le dernier rapport du DOE, le département américain à l'énergie, qui avait, contre toute attente, annoncé que les réserves de brut des Etats-Unis avaient augmenté de 2,9 millions de barils, atteignant ainsi un total de 366 millions de barils à la fin du mois de mai 2009. Nic Brown, analyste de la Banque de financement et d'investissement Natixis, commentait ainsi ce comportement du marché pétrolier: «Si cela représente un retour à un schéma plus normal des importations pétrolières et de la production, il se pourrait que les perspectives pour les prix du pétrole viennent de prendre un tournant important pour le pire.» Les observateurs internationaux du marché pétrolier ont redoublé de déclarations défavorables et anticipé une sévère dégringolade des cours de l'or noir. «La poursuite du recul de la demande continue de dessiner un environnement baissier des prix, montrant que les gains récents n'étaient pas soutenus par les fondamentaux», a estimé, pour sa part, Antoine Halff, de Newedge Group. Les prévisions de la Goldman Sachs feront exception. «Cette hausse pourrait bien n'être que la première étape d'une véritable flambée des prix du pétrole qui, selon nous, va accompagner la reprise de l'activité économique mondiale», ont indiqué, dans leurs prévisions, les analystes de la Banque américaine. Ils ne pensaient pas si bien dire. Jeudi déjà, le baril de pétrole a fait un bond qui l'a propulsé à près de 70 dollars. Il s'est élevé en séance jusqu'à 69, 60 dollars. Les investisseurs se tiennent prêts à une envolée des matières premières et le marché de l'or noir devient des plus attractifs. «Les cours du pétrole pourraient atteindre 80 à 90 dollars d'ici le début de l'année prochaine, mais l'opep ne va pas augmenter sa production avant qu'une part importante des excédents sur le marché ne soit absorbée», a déclaré mardi, au cours du Sommet mondial sur l'énergie organisé par Reuters, le secrétaire générale de l'Opep, Abdallah Al-Badri.