Renforçant le sentiment que la bulle pétrolière est loin d'éclater, les analystes de la banque américaine Goldman Sachs, très suivis par le marché, ont publié mardi une note dans laquelle ils indiquent la possibilité que le baril évolue entre 150 et 200 dollars dans les deux ans à venir. "La possibilité d'un baril à 150-200 dollars semble de plus en plus probable dans les six à 24 prochains mois, même si prédire le pic ultime des prix pétroliers et la durée restante du cycle haussier constitue toujours une incertitude majeure", a écrit la banque américaine, soulignant que "l'absence d'une croissance adéquate de l'approvisionnement devient apparente". Goldman a été l'une des premières à annoncer un prix du baril à trois chiffres, il y a déjà plus de deux ans. Selon la banque, le marché approche progressivement du point critique de la théorie dite de l'"hyper hausse" du prix du baril, quand le déséquilibre entre l'offre et la demande provoquera un décollage plus spectaculaire encore des cours, qui viendra à son tour corriger la demande pétrolière mondiale. D'autres analystes comme Douglas McIntyre de 24/7 Wall Street.com ou Phil Flynn de Alaron Trading avancent le scénario d'un baril de pétrole à 150 dollars à l'automne. Pour David Moore, analyste en matières premières à la Commonwealth Bank of Australia, l'optimisme reste de mise après les gains importants réalisés mardi : "Les problèmes côté offre sont progressivement résolus, mais ils mettent en lumière les risques d'une augmentation de la production de pétrole". Les craintes sur la production se cristallisent actuellement au Nigeria, huitième exportateur mondial de brut, qui ne produit plus depuis un an qu'un peu plus de 2 millions de barils par jour, soit 25% de moins que sa production normale, en raison de l'insécurité régnant dans les zones de production. Selon Kevin Norrish, les "pertes au niveau de l'offre", notamment au Nigeria, sont l'élément clef à l'heure actuelle dans l'envolée des cours du baril. "Et l'Iran pourrait également ajouter un élément de risque", a-t-il précisé. Ainsi, selon un analyste de BMO Capital Markets, "des rumeurs ont circulé sur les marchés d'une action américaine contre l'Iran" et ont dopé les cours du pétrole et du dollar. Toujours selon les analystes, le baril a également profité des récentes statistiques économiques meilleures que prévu aux Etats-Unis, qui laissent à penser que la baisse de la demande de pétrole au sein de la première économie mondiale pourrait être moins importante que crainte initialement. La plupart des observateurs ont revu à la hausse leurs estimations de prix du début d'année. Malgré sa prudence habituelle, l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) a par exemple relevé de 9 dollars mardi ses projections du prix moyen en 2008, à 110 dollars. Les prix du pétrole ont globalement presque doublé depuis le début 2007 et ont progressé de plus de 20 dollars en 2008. Les cours du pétrole restaient très fermes mercredi dans les échanges électroniques, évoluant juste sous le niveau record de 122 dollars franchi la veille, stimulés par une nouvelle rechute du dollar face à l'euro. Or, la faiblesse du dollar incite les investisseurs à acheter des matières premières vendues en dollars pour se couvrir contre l'inflation.