Les bâtisseurs de Béjaïa sont aujourd'hui inquiets de la persistance de cette crise. Le secteur du bâtiment vit présentement une énième crise de spéculation sur les prix des matériaux de construction. Une situation fort délicate qui n'échappe à personne de par ses effets déstabilisateurs sur le secteur. Beaucoup de chantiers sont actuellement à l'arrêt en raison de la pénurie de ciment. Ce matériau essentiel existe toutefois sur le marché parallèle. Une situation paradoxale qui interpelle tout un chacun au risque de voir tous les programmes retardés. Les bâtisseurs de Béjaïa sont aujourd'hui inquiets de la persistance de cette crise. Auteurs de plusieurs démarches allant dans le sens de réguler le marché, la Fédération du bâtiment et des travaux publics et hydraulique (Btph) est sortie une nouvelle fois de sa réserve pour porter à la connaissance du ministre de tutelle la situation du secteur, rappelant au passage les engagements non respectés. La production du ciment a même augmenté sur le marché. Le prix du sac de ciment ne se stabilise pas. Nous nous sommes rapprochés du président de la section Btph de Béjaïa, M.Kamel Louiba, qui a bien voulu nous éclairer un peu plus sur cette crise persistante. L'Expression: Le secteur du bâtiment donne l'impression de patiner. Son activité est au ralenti. Quelles en sont les causes à votre avis? Kamel Louiba: Cette situation est due essentiellement à la spéculation qui touche les matériaux de construction, notamment le ciment. La production des cimenteries est restée la même, voire supérieure de 500 à 600 tonnes supplémentaires par jour. Donc la crise ne peut être expliquée que par la spéculation. Logiquement la demande devrait être en baisse sachant que tous les grands projets du plan quinquennal sont en phase d'achèvement. On s'interroge alors sur cette spéculation qui ne répond pas à la loi du marché. Peut-on en connaître les conséquences sur le secteur du bâtiment et les différents programmes? Les répercussions sont, bien sûr, nombreuses. Il y a lieu d‘abord de signaler que les délais de réalisation ne seront pas respectés étant donné que les décades ont été diminuées presque de moitié. Puis la qualité du béton laisse à désirer parce que les revendeurs de ciment trichent sur le poids du sac de ciment qui pèse à peine 47 kg. De ce fait, on n'obtient jamais un béton dans les normes. Rien que pour cela, il faut s'inquiéter En tant qu'organisation fédérant les bâtisseurs de Béjaïa, quelles sont les démarches que vous avez entrepris pour remédier à la situation? Nous n'avons jamais cessé de nous battre pour que le secteur retrouve sa plénitude. Cette crise nous affecte particulièrement. De ce fait, nous avons d'abord saisi le président de la République et le chef du gouvernement en mars 2008. Une saisine que nous avons appuyée par une plate- forme de revendications. En juillet de la même année, nous nous sommes adressés au ministre de tutelle pour dénoncer cette spéculation qui ronge le secteur du bâtiment. Aucune réponse ne nous a été donnée, exception faite du dispositif de contrôle qui n'a d'ailleurs jamais vu le jour. Aujourd'hui encore nous réagissons par une lettre au ministre, dont vous détenez une copie, pour lui demander de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour contrôler et réguler le marché de ce matériau qui est un élément stratégique dans la construction du bâtiment. Vous vous apprêtez à réunir les opérateurs du secteur dans les prochains jours et on parle déjà de décisions importantes. N'est-ce pas? En prévision de l'assemblée générale de la Confédération prévue pour le 1er juillet, nous allons proposer de geler tous les projets si la crise persiste encore. Nous travaillons à perte étant donné que les prix des marchés publics sont administrés et le coût du logement social reste figé ou plafonné. Vous le voyez bien, cela se répercute sur nos bénéfices. Partant, beaucoup de travailleurs exerçant dans le secteur risquent de se retrouver au chômage sans compter tout ce que cela induira en matière de freinage du développement national en général et de la région en particulier.