Dans une conjoncture marquée par le lancement du gigantesque plan d'investissement de 286 milliards de dollars sur cinq ans, la tension sur le marché des matériaux de construction bat son plein. Dysfonctionnement dans la disponibilité du ciment notamment, et instabilité de son prix due, essentiellement, à la spéculation, mettent à rude épreuve la concrétisation des différents projets lancés par le gouvernement pour le quinquennat 2010-2014. Cette situation ne doit pas perdurer lorsque l'on sait que les retards enregistrés dans la livraison des projets déjà réalisés puisent, dans une certaine mesure, leurs racines dans la rareté des matériaux de construction. Devant ce constat peu reluisant, les acteurs du secteur du BTPH (bâtiment, travaux publics et hydrauliques), se sont réunis à la mi-juin dernier pour remédier à cette situation, jugée pénalisante aussi bien pour les entrepreneurs que pour les caisses de l'Etat. Lors de cette rencontre organisée à Oran, les participants et à leur tête l'Association générale des entrepreneurs algériens, se sont sortis avec une série de recommandations, qui vont dans le sens de mettre fin à la crise que connaît le marché des matériaux de construction et, en premier lieu, le ciment qui, malgré le recours de l'Etat à l'importation, la tension persiste toujours autour de ce matériau indispensable au parachèvement des grands projets d'infrastructures, lancés par les pouvoirs publics lors du dernier Conseil des ministres. Pour ce matériau devenu inaccessible, tant en raison de son prix exorbitant que du fait de son indisponibilité, l'AGEA recommande, dans le rapport des 2es Assises nationales du BTPH 2010, d'encourager la création d'entreprises spécialisées dans la vente de béton prêt à l'emploi et l'instauration d'une culture d'achat direct de béton prêt à l'emploi chez les entreprises de bâtiment et les particuliers, d'une part. D'autre part, l'AGEA demande de libérer les initiatives aux entreprises grandes consommatrices de ciment pour investir dans le secteur de la production du ciment. Ces solutions proposées visent globalement, selon leurs concepteurs, la réduction de la tension installée sur le marché et éviter, de ce fait, le recours à l'importation engendré par cette dernière. Il faut dire que les recommandations préconisées devront également permettre aux entreprises réalisatrices de projets de bénéficier d'un quota de ciment provenant de l'importation, qui sera destiné à la consommation directe et non à la commercialisation, estime l'AGEA. Concernant les enduits en ciment, les rédacteurs du rapport, préconisent l'encouragement des entreprises, à l'instar de l'Entreprise Hasnaoui qui a produit le sac d'enduit de ciment prêt à l'emploi. Outre les dysfonctionnements qui caractérisent le marché du ciment, celui des agrégats n'est pas en reste. La problématique des agrégats, loin des désagréments d'ordre écologique qui accompagnent l'extraction du sable, est celle de l'insuffisance de l'offre sur le marché, en plus de sa qualité de source non renouvelable. En effet, le marché des agrégats en Algérie est loin de satisfaire les besoins grandissants en ces matériaux en général, le sable en particulier, aiguisés par le lancement du dernier plan de développement. Les raisons sont multiples, mais les plus apparentes sont, entre autres, le déficit de production d'agrégats, dû principalement à la fermeture de plusieurs carrières et la réglementation stricte de l'extraction du sable des oueds, qui a imposée une "restriction", qui s'est traduite par une tension palpable sur le marché des matériaux de construction. Partant, l'AGEA propose d'autres alternatives plus innovantes. Selon les recommandations de son rapport, c'est à l'Etat qu'incombe la mission d'encourager et de promouvoir la recherche pour la substitution de ce matériau, améliorer la qualité du bâti et procéder au remplacement des matériaux à effet néfaste sur l'environnement par des matériaux écologiques à l'instar des pays développés et encourager la création d'entreprises spécialisées dans le recyclage des matériaux issus des démolitions qui ont des avantages sur la protection de l'environnement. Pour conclure, les rédacteurs du rapport des 2es Assises du BTPH exhortent à la présentation des indices de la fluctuation des prix des matériaux de construction à temps reflétant la réalité du marché.