La décision d'attribuer une partie du million de logements au «monde rural» ne sera que vaine si elle n'est pas accompagnée par la réalisation d'autres infrastructures nécessaires pour retenir les citoyens. L'exode rural préoccupe de plus en plus les pouvoirs publics. C'est pour cela que la moitié du programme du million de logements prévus pour le prochain quinquennat, sera destinée à l'habitat rural. C'est ce qu'a annoncé jeudi le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme Noureddine Moussa. «La moitié du programme d'un million de logements, prévus dans le Plan d'action du gouvernement pour le prochain quinquennat, ira vers l'habitat rural», a déclaré le premier responsable du secteur aux questions orales du Conseil de la Nation. Justifiant cette décision, il a indiqué que c'est avant tout dans le souci d'améliorer les conditions de vie des citoyens des zones rurales et de faire face au phénomène de l'exode rural que les pouvoirs publics ont décidé de faire un effort supplémentaire en direction du monde rural. Ce qui est une bien noble raison. Elle suscite toutefois quelques interrogations. En effet, si tel était le but, cette mesure resterait insuffisante au regard du grand problème qu'est l'exode rural. N'est-il pas trop simple de penser que 500.000 logements pourraient mettre un terme au déracinement de milliers de familles venues chercher le confort dont elles ont besoin dans les grandes villes?. Ce sont des milliers de personnes qui se déplacent tous les jours, des communes les plus reculées du pays, vers les grandes villes là où elles trouvent ce que leurs communes ne proposent pas, parce que généralement, ces structures sont inexistantes. Des formalités administratives à régler, une visite familiale ou encore des soins médicaux, sont généralement des raisons qui poussent les gens de la campagne à «monter» à la ville pour une journée puis qui finissent par s'y installer engendrant ainsi la bidonvillisation des villes. Pour les jeunes, c'est plutôt l'oisiveté et le désoeuvrement qui les poussent à faire le grand voyage à l'affût d'un emploi ou d'une activité qui les sortira de leur vide quotidien dans des patelins dépourvus de toutes les structures d'accompagnement (cafés, centre de loisirs, stades, etc.) qui donnent un sens à la vie en milieu rural. Pour les autres, c'est la sécurité qui les pousse à déserter leurs régions. En effet, après la longue tragédie nationale où le terrorisme a sévi principalement dans les régions rurales, et ensuite une relative accalmie induite par la Réconciliation nationale, les habitants des douars continuent encore à ce jour à fuir, laissant biens et terres pour des endroits mieux sécurisés, généralement près des plus grandes villes. Ainsi et pour toutes ces raisons, la décision d'attribuer une partie du million de logements au «monde rural» améliorer sa qualité de vie ne sera que vaine si elle n'est pas accompagnée par la réalisation d'autres infrastructures nécessaires pour retenir et fixer les citoyens. Des infrastructures de base qui incluent des unités sanitaires ou hôpitaux, des écoles, des centres de loisirs ou encore divers commerces et services (eau, gaz, électricité, poste) unités sécuritaires à proximité de ces nouvelles habitations.