Des centaines de manifestants opposés à la réélection du président Ahmadinejad se sont rassemblés hier dans le centre de Téhéran malgré les menaces de répression. Les Gardiens de la Révolution, le corps d'élite de la République islamique d'Iran, ont mis en garde pour la première fois les manifestants en Iran, les menaçant très directement. Les «Pasdarans» se sont dit prêts «à mener une action décisive et révolutionnaire pour (...) mettre un terme au complot et aux émeutes». Malgré cet avertissement, entre 200 et un millier de manifestants opposés à la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad se sont rassemblés hier sur une place du centre de Téhéran. Des bougies noires en hommage aux victimes de la répression, notamment les dix recensées pour la seule journée de samedi, des rubans verts rappelant la couleur de la campagne électorale, les manifestants devaient aussi éteindre les feux de leurs voitures pour marquer leur solidarité. Le parquet général iranien a accusé hier des «vandales non identifiés» d'avoir ouvert le feu et tué plusieurs civils samedi à Téhéran. En répression, selon le dernier décompte diffusé lundi par des sources policières, 457 personnes ont été arrêtées dans les affrontements de samedi soir autour de la place Azadi à Téhéran. Parmi les personnes arrêtées: Faezeh Hachémi, la fille de l'ancien président Rafsandjani. L'opposition continue d'exiger un nouveau décompte des voix et l'organisation d'un nouveau scrutin. Le porte-parole du Conseil des gardiens, organe chargé d'examiner les plaintes pour irrégularités de la présidentielle du 12 juin, a reconnu lundi qu'il y avait eu lors du scrutin plus de votes que d'électeurs potentiels dans 50 districts. Tout en estimant que cela n'aurait pas d'«influence importante» sur le résultat final puisque l'opposition parlait de 177 districts concernés, soit près de la moitié des circonscriptions en Iran. Cependant, l'Iran semble se préparer à une grève aujourd'hui. Le mot d'ordre circule depuis hier à Téhéran. Ainsi, un tract signé des «manifestants de Téhéran, des partisans de Mir Hossein Moussavi, des partisans de Mehdi Karoubi» appelle à la grève aujourd'hui. Un autre appelle les commerçants du bazar de Téhéran à fermer leurs boutiques le même jour. «La seule voie de résistance face à la dictature et pour montrer l'opposition à la fraude généralisée est la fermeture du bazar», indique le tract. Sur twitter, le bruit court que les Iraniens commencent à stocker produits alimentaires et médicaments, une information confirmée entre autre par la correspondante à Téhéran du quotidien américain Huffington Post. Si Mir Hossein Moussavi, le principal opposant à Mahmoud Ahmadinejad et candidat malheureux de la présidentielle du 12 juin, ne semble pas avoir appelé officiellement à la grève aujourd'hui, il a tout du moins laissé entendre dimanche que ce pourrait être une option face à la répression: se disant «toujours aux côtés des Iraniens» pour défendre leurs droits, il a jouté qu'il était «prêt au martyr», et a appelé les Iraniens à faire grève s'il est arrêté. «Nous n'attendrons pas pour affronter les émeutiers dans les rassemblements illégaux auxquels ont appelé certains candidats(...) Les Gardiens déconseillent aux puissances agressives (occidentales) de s'immiscer dans les affaires de l'Iran et de soutenir les émeutiers», lit-on sur le site des Gardiens de la Révolution. Les autorités iraniennes ont de nouveau accusé hier l'Occident d'être impliqué dans les troubles des derniers jours. L'Iran est revenu à la charge hier contre les pays occidentaux à cause de leurs critiques sur la validité de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad et la répression des manifestations. «Les pays occidentaux se sont ingérés dans le processus électoral en exagérant les manifestations organisées contre les résultats du scrutin», a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi. «La France est allée jusqu'à demander l'annulation des résultats de l'élection» qui a vu M.Ahmadinejad reconduit pour un mandat de quatre ans, s'est-il indigné. «Quel droit ont-ils de faire de telles remarques inappropriées et irresponsables?», a-t-il demandé. M.Quashghavi a ensuite affirmé que l'Iran répondrait à ces ingérences «au moment opportun».