Toutes les enveloppes financières n'ont pu venir à bout de la dégradation de la voie et l'espace publics. Selon un rapport émanant des services de la voirie de la wilaya de Tizi Ouzou, la situation nécessite une réelle restructuration. Ni les moyens techniques ni les moyens humains ne sont en mesure d'assurer le nettoyage et l'hygiène des espaces publics. Les prévisions le confirment hélas! Sous un soleil, sur les trottoirs et à travers les rues, les ordures s'entassent. Pendant toute la journée de plomb, sévissent les odeurs nauséabondes conjuguées à la chaleur devant l'indifférence de la population. Cette situation, qui rend la vie insupportable, bien qu'elle soit dans le collimateur des pouvoirs publics, persiste encore. Toutes les enveloppes financières n'ont pu venir à bout de la dégradation de la voie et l'espace publics. Toutefois, des conclusions de la commission chargée de trouver des solutions au niveau de la ville de Tizi Ouzou mettent la lumière sur beaucoup de défaillances dans la gestion passée de la voirie. Une autre étude effectuée par une association environnementale (Agie) met le doigt sur la responsabilité des citoyens dans l'état de dégradation de l'espace public. Ces facteurs sont mis à nu par les solutions proposées par ces deux acteurs de la vie publique de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce constat, pour précision, n'est pas spécifique à la ville. Ces derniers temps, les places des villages, avec l'avènement des tracteurs de la voirie des communes, sont devenues des décharges puantes à longueur de semaine. La collecte des ordures ménagères à travers les campagnes est un cuisant échec. Les villages croulent sous les immondices alors que par le passé, les populations ont su gérer l'espace public avec des méthodes traditionnelles mais efficaces. Ainsi, les conclusions du rapport sont toutes précédées d'un point considéré comme primordial: l'urgence de mettre en oeuvre ses recommandations. Une autre priorité est révélée: la déliquescence de ce service qui a été marginalisé durant des décennies. Les techniciens, conduits par M.Chernaï Djamel, président de la commission hygiène et environnement à l'APC de Tizi Ouzou, préconisent le rajeunissement de l'effectif et le renouvellement du matériel roulant. Le premier doit connaître le rajeunissement (personne en place âgé et à l'état de santé précaire). Le rapport mentionne que ce dernier est touché par la limite d'âge. Quant au second, les techniciens recommandent l'achat d'un matériel roulant nouveau et si possible réparer une partie de l'ancien parc. L'acquisition des camions arroseurs et des balayeuses pour le nettoyage des grandes artères ne semble pas être dans les priorités de la commission. Les conditions actuelles ne laissent guère place au luxe. Ce procédé n'est utilisé et efficace que dans les villes déjà propres. Il est inimaginable encore qu'à Tizi Ouzou un arroseur et une balayeuse nettoient autant d'immondices qui s'amassent quotidiennement sur les trottoirs. Par ailleurs, le même rapport insiste sur la nécessité de la sensibilisation de la population. Les modes de comportement actuels ne sont pas en mesure d'assurer un état d'hygiène permanent. Cette culture citadine n'est pas encore installée dans les moeurs. Alors que la conception et la pratique anciennes de la préservation de l'espace public ont été abandonnées, un nouveau comportement citoyen et responsable n'est qu'au stade d'émergence et de gesticulation. En attendant la naissance d'un individu de ce genre dans la cité, le rapport préconise comme panacée la création d'une police verte en charge de la préservation des espaces verts. Dans les villages, la situation de l'hygiène est cependant victime, comme dans la ville, de la mauvaise synchronisation des opérations de collecte et de ramassage en liaison avec la population. Si les ménages sortent leurs déchets tous les jours dans les places des villages, les tracteurs et les camions de la commune ne passent quant à eux, qu'un jour par semaine. Résultat: les villages deviennent des décharges à ciel ouvert tout le restant des jours. Une question reste cependant en suspens alors que les pouvoirs publics dépensent des sommes colossales pour assurer l'hygiène. Combien coûte pour le citoyen le geste consistant à jeter ses déchets dans une poubelle?