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Gros plan sur un bidonville
La ville vit au rythme de l'anarchie, l'insalubrité, la promiscuité et le bricolage
Publié dans Liberté le 11 - 07 - 2010

Tizi Ouzou est-elle tout simplement un village qui s'agrandit anarchiquement ou bien une ville complètement ratée dans son urbanisme, son développement et sa gestion ? Plus vaste qu'un village, certes, mais n'ayant pas connu un développement en respect des normes d'une ville moderne, sinon au moins vivable, la capitale du Djurdjura n'est aujourd'hui qu'un espace où le stress, l'incivisme et l'anarchie se côtoient quotidiennement dans une infernale ambiance qui ne cesse de mettre, chaque jour un peu plus, à rude épreuve les nerfs de ses habitants qui, eux, assistent, tantôt impuissants, tantôt complices, à la dégradation de leur cadre de vie.
Ce n'est, en tout cas, pas nécessaire d'être un fin observateur ou un expert en quelque domaine qu'il soit pour pouvoir constater toute l'ampleur de la bêtise humaine qui a fait de Tizi Ouzou ce grand ratage urbanistique dont la réparation nécessiterait, à coup sûr, des moyens colossaux et des décisions courageuses. Suffocante, dépourvue d'espaces de loisirs et de détente, croulant sous les ordures, envahie par le commerce informel qui squatte ses trottoirs et les coopératives immobilières qui la défigurent tout en réduisant son espace public comme une peau de chagrin, livrée à toutes sortes de maffias et de voyous, la ville de Tizi Ouzou qui a longtemps fait les frais d'une gestion aléatoire, pour ne pas dire simplement hasardeuse, ne cesse de se dégrader dans une indifférence quasi-généralisée, sinon sous l'œil scintillant des seuls partisans du chaos. À croire que des efforts considérables ont été déployés pour rendre la vie au citoyen des plus insupportables.
Un petit tour à travers les principales artères de la ville de Tizi Ouzou suffirait largement pour se rendre compte que les qualificatifs, aussi percutants soient-ils, ne suffiront pas pour décrire la hideuse image qu'offre la ville de Tizi Ouzou, pourtant autrefois, belle et symbole de la propreté mais transformée, au fil du temps et des évènements, en un décor qui agresse le regard.
Un centre-ville complètement défiguré
À ce titre, le centre-ville en est la parfaite illustration. Déjà caractérisée par la promiscuité de ses trottoirs et de ses artères, sa situation s'est nettement compliquée avec l'installation d'un marché informel de téléphones portables en pleine chaussée à proximité des ex-Galeries algériennes, le lancement des travaux d'aménagement du jardin public du centre-ville qui s'éternisent, et surtout depuis la réalisation des deux trémies du centre-ville. En effet, ces deux gros “trous” qui ont englouti pas mal de milliards ont été creusés de manière à fluidifier la circulation automobile et du coup c'est la mobilité piétonne qui en a pris un coup. Il aura fallu plusieurs années après leur réalisation pour que les responsables locaux se rendent compte que ces trémies dans leur aspect actuel ont créé beaucoup plus de problèmes qu'elles n'en ont réglé. C'est ainsi que l'idée de relier les trois trémies que compte la ville est envisagée d'ailleurs par les autorités locales. En effet, il s'agit là de la solution idoine, mais à l'instar de tous les autres projets lancés dans la wilaya, la concrétisation de ce projet, à peine à ses premiers balbutiements, risque de durer des années, voire des dizaines d'années. En attendant, les commerçants de la ville, qui sont déjà dans le désarroi, ont de quoi se plaindre encore longtemps. “Nous sommes lourdement pénalisés par le commerce informel et la réduction des trottoirs”, disent les commerçants. À cette situation déjà peu reluisante, au centre-ville s'est greffé, depuis quelques années, précisément depuis les évènements de Kabylie qui ont engendré une situation de non-droit, un nouveau phénomène qui n'a jamais fait réagir l'administration compétente. Il s'agit des parkings sauvages qui donnent la nette impression que la ville est totalement privatisée. Peu importe la durée du stationnement, il faut bien s'acquitter d'une “rançon” qui varie entre 20 et 30 DA à un jeune à l'origine chômeur mais qui est devenu subitement, faute de la présence de l'Etat, propriétaire des lieux. C'est une sorte de racket à laquelle le citoyen ordinaire doit se soumettre s'il veut éviter une agression ou le saccage de son véhicule.
La rue de l'hôpital : le boulevard de tous les maux
En traversant l'avenue Lamali-Ahmed, appelée communément le boulevard de l'hôpital, pour se rendre à la Nouvelle-Ville, c'est inévitablement au casse-tête des embouteillages auquel on est livré. Il faut au moins une demi-heure en moyenne pour parcourir en véhicule la distance de 500 mètres qui sépare le centre-ville de la nouvelle-ville alors qu'il en faut un quart d'heure à pied. “Lorsqu'on est pressé, il serait préférable d'aller à pied qu'en voiture”, ironisent à chaque fois les citoyens. Ce n'est également pas une sinécure lorsqu'à cause des trottoirs squattés par le commerce informel et de la densité de la circulation automobile et piétonne, l'on se voit contraint de disputer la chaussée aux véhicules. En effet, les trottoirs du boulevard de l'hôpital, à l'instar de ceux de toute la ville, sont envahis chaque matin, sous les regards indifférents des agents de l'ordre, par des dizaines de commerçants clandestins qui étalent leurs marchandises en toute quiétude comme s'il s'agissait d'un commerce réglementaire.
La nouvelle-ville : le symbole du ratage urbanistique
La nouvelle-ville, cet ensemble de constructions greffé anarchiquement à l'ancien tissu urbain depuis les années 80, puis devenue, depuis quelques années, plus importante que le centre-ville, l'on constate aisément que de nouvelles coopératives immobilières ont poussé comme des champignon au milieu ou à proximité de quartiers, parfois au détriment de l'espace public et des espaces verts des cités, et ce, sans épouser ni l'architecture ni les règles d'urbanisme des cités déjà existantes.
Les habitants de ces quartiers, par le biais de leurs comités et associations, se sont, à maintes reprises, engagés dans un bras de fer avec les promoteurs et les autorités locales afin de sauvegarder les maigres surfaces restantes de leurs espaces mais sans succès.
“Les spéculateurs immobiliers semblent à chaque fois bénéficier d'appuis au sein de l'administration”, nous a déclaré un membre du comité de la cité des 600-Logements. Une situation qui a transformé la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou en une cité-dortoir sans aucune implantation des équipements publics.
Une cité au cœur de laquelle un marché à la fois de fruits et légumes et d'effets vestimentaires est érigé sous forme d'un immense bidonville.
Que pensent les autorités locales de leur ville ?
Dans une récente déclaration, le wali de Tizi Ouzou, Hocine Mazouz, n'a pas manqué de déplorer la situation urbanistique de la ville de Tizi Ouzou. “Au lieu d'avoir droit à un urbanisme réfléchi, elle a été accablée par un urbanisme subi. Nous avons réalisé en fonction d'une pression, d'une demande, sans qu'il y ait une étude d'aménagement d'espace, d'aménagement du territoire. On a opté pour des solutions de facilité, des extensions qui n'avaient fait l'objet d'aucune étude préalable”, avait-il reconnu, mais non sans afficher son ambition de “tout revoir, de tout reconstruire, de tout changer dans le cadre d'un ambitieux programme d'amélioration urbaine”.
Un programme consacré jusque-là à la réparation des défaillances des années précédentes auxquelles d'autres encore n'ont pas manqué de venir se greffer ces dernières années, à l'exemple des trottoirs réalisés, durant l'année 2009, à grands renforts chinois mais dont les carreaux commencent déjà à céder. Si en effet, des actions d'aménagement, bien qu'insuffisantes, sont entamées dans la ville de Tizi Ouzou, il reste l'anarchie, qui favorise la délinquance et l'insalubrité dont souffre grandement la ville de Tizi Ouzou, contre laquelle les autorités de la wilaya ne semblent pas être déterminées à lutter. Sur cette question justement, le président d'APW, Mahfoud Bellabas, estime que Tizi Ouzou est une jolie ville aux potentialités énormes qui a été totalement livrée à la corruption par des élus véreux qui ont bradé impunément le foncier urbain, une cité encore aujourd'hui abandonnée à toutes sortes de fléaux.
“Les commerces informels qui foisonnent, comme une tumeur, envahissent progressivement tout le tissu urbain, sans que les pouvoirs publics n'y opposent quelque résistance. La délinquance et le banditisme sont monnaie courante, encouragés en cela par des services de sécurité inopérants”, avait-il déclaré, tout en soulignant que “les élus de la commune qui ont la responsabilité du confort de leurs administrés, doivent endosser une grande part de cette défaillance. Depuis trois années, la commune de Tizi Ouzou n'est pas gouvernée, il faut dire que l'administration qui est habituellement prompte à réagir en d'autres circonstances a fait, dans ce cas de figure, montre de complaisance”.
En effet, l'Assemblée communale, éclaboussée par plusieurs scandales, fait, depuis quelques semaines déjà, l'objet d'une enquête de la brigade financière et économique de la police mais dont les conclusions ne sont toujours pas connues.
Pour remédier à la situation presque chaotique dont souffre la ville de Tizi Ouzou, des actions telles que son contournement à travers de nouvelles voies routières, l'aménagement de certains de ses espaces et quartiers, la délocalisation des stations de taxis dans le cadre de la révision, en vue de son plan de circulation et l'introduction du train Oued Aïssi-Tizi Ouzou, sont prévues dans le cadre des différents programmes de développement de la région, mais restent, au demeurant, insuffisantes.
Ainsi, la réalisation du grand projet de la nouvelle ville d'Oued Falli s'avère être la solution radicale, sans doute, la plus judicieuse pour donner un nouveau souffle et surtout soigner, un tant soit peu, l'image de la ville et toute la wilaya de Tizi Ouzou.
En attendant, l'habitant de Tizi Ouzou continue à payer quotidiennement les frais d'une politique de gestion et de développement de la ville la plus irréfléchie.


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