Les Congolais (Brazzaville) sont appelés demain à élire leur président dans un scrutin où le président sortant risque de se retrouver seul face aux électeurs. Avec près de 25 ans cumulés de pouvoir au Congo, le chef de l'Etat sortant, Denis Sassou Nguesso, est donné largement favori pour l'élection présidentielle de demain, maintenue en dépit de la demande de report formulée par cinq des douze autres candidats. «Tout est prêt» pour que les 2,2 millions d'électeurs inscrits puissent choisir leur président en se rendant dans 4850 bureaux de vote à travers le pays, a assuré le gouvernement. Banderoles géantes, affiches à foison, véhicules tout-terrains à son nom, tee-shirts: autant de moyens déployés par l'équipe de campagne de M.Sassou Nguesso, 66 ans, qui brigue un nouveau septennat, le dernier selon les dispositions de la Constitution. Il a le soutien affiché de trois anciens Premiers ministres de l'ex-président Pascal Lissouba (1992-97), son adversaire aujourd'hui en exil: Charles David Ganao, Jacques Joachim Yhomby Opango et Bernard Kolélas. Denis Sassou Nguesso a derrière lui une longue carrière à la tête du Congo, qu'il a dirigé sous le régime du parti unique d'influence marxiste entre 1979 et 1992. Après sa défaite à la présidentielle de 1992 face à Pascal Lissouba, il était revenu au pouvoir à l'issue d'une sanglante guerre civile remportée par ses milices en 1997, et a été élu en 2002 lors d'un scrutin boycotté par les principaux opposants. Au moins une centaine de partis et d'associations regroupés au sein du Rassemblement de la majorité présidentielle (RMP) souhaitent qu'il soit réélu demain. Face à lui, l'opposition apparaît dispersée et divisée. Seul son ancien ministre des Finances (1997-2002), Mathias Dzon, pourrait le gêner dans sa course vers une nouvelle victoire. M.Dzon, 62 ans, qui a demandé avec quatre autres candidats un report du scrutin, continuait à quelques jours du vote de réclamer des conditions permettant une élection «apaisée». «Trois piliers doivent soutenir notre maison de démocratie: un recensement administratif, une commission électorale indépendante et une bonne loi électorale», affirme-t-il. Réponse jeudi du gouvernement par la voix du ministre de l'Administration du territoire, Raymond Mboulou: «On n'a plus besoin de reporter l'élection. Dès lors que les candidats ont déposé leurs dossiers, ils savaient que le 12 juillet, ce serait le vote». Ces questions ont souvent pris le dessus pendant la campagne sur l'enjeu du développement, dans ce pays de 3,6 millions d'habitants dont 70%, malgré l'abondance de pétrole et de bois, vivent toujours dans la pauvreté. Les réclamations quotidiennes de l'opposition pour un report du scrutin et le souvenir des guerres qui ont suivi les élections de 1992, 1997 et 1998, ont poussé depuis le début de la campagne électorale, le 26 juin, des Brazzavillois à se rendre à l'intérieur du pays par peur de nouvelles violences. Aucun incident n'a pourtant été signalé pendant la campagne, qui s'achevait hier. Demain, selon Brazzaville, quelque 17.000 éléments de la force publique doivent être déployés pour sécuriser les opérations de vote organisées par la Commission nationale d'organisation des élections (Conel), dont plusieurs candidats contestent l'impartialité. Le scrutin sera supervisé par une centaine d'observateurs de l'Union africaine (UA), de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) et des ONG locales et internationales, selon le gouvernement. Si aucun candidat n'obtient plus de 50% des suffrages exprimés, un second tour sera organisé à une date non encore déterminée.