La salle Cosmos a abrité dimanche soir un documentaire fort édifiant présenté en avant-première à l'occasion de la tenue du 2e Festival culturel panafricain 2009. Ce documentaire de 56 minutes est une commande de l'Agence de Rayonnement culturel qui fait partie des organisateurs du Panaf. Il a été tourné en partie en Afrique du Sud et au Burkina Faso en marge de la tenue en mars dernier de la 40e édition du Fespaco(Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou). Beaucoup de constats d'échecs amers sont soulevés à travers de nombreux témoignages, à propos des pays pauvres. De désillusions aussi. Documentaire pessimiste? Plutôt qui dit les choses avec une vérité féroce et sans ambages. Des vérités tranchantes. Abdenour Zahzah a donné la parole à plusieurs chercheurs, notamment pour donner leur point de vue sur la situation des pays en Afrique et du rôle qu'a joué le Nepad (Le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), ou qu'il doit jouer dans son cadre stratégique pour la Renaissance de l'Afrique. Il résulte d'un mandat donné aux cinq chefs d'Etat initiateurs (Afrique du Sud, Algérie, Egypte, Nigeria, Sénégal) par l'ex-Organisation de l'unité africaine (OUA) confirmé par l'Union africaine qui lui a succédé afin de promouvoir un cadre socio-économique intégré de développement pour l'Afrique. Le 37e Sommet de l'OUA en juillet 2001 a officiellement adopté le document du cadre stratégique. Si après les indépendances, l'unité africaine était forte et les années 1960 celles de l'espoir, les choses aujourd'hui ont changé, dira un intervenant dans le film. Aussi, l'Afrique voulait avant coûte que coûte son indépendance politique et son développement économique. La démocratie est un sujet jamais débattu, faisons-nous savoir. Le documentaire est agrémenté d'archives de la Télévision nationale, notamment pour illustrer le passé colonial des pays africains. Chaque partie est ponctuée de citations d'un grand écrivain, ou philosophe. Les images sont aussi soutenues par des extraits musicaux où l'on reconnaît Miriam Makeba, la légende vivante du chant et de la musique africaine. Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika parle quant à lui «d'aide» mais stipule les conditions. Il rejette dans son discours pour ce faire la notion d'«ingérence». Aussi, un peu plus loin l'Afrique est présentée sous «la gouvernance» de celui qui l'a fait nourrir. Une fausse liberté en somme. L'annulation des dettes économiques est souhaitée par de nombreux pays africains, réalité ou utopie? «Le Nepad a commencé en 2001, nous sommes en 2009. La plupart de ses projets n'ont même pas été entamés», souligne-t-on avec dépit. Le Président Bouteflika annonce: «L'Algérie rembourse 40% de ses entrées en devise pour payer ses dettes. Nous sommes dans une politique de paradoxe où ce sont les pays pauvres qui financent les pays riches.» Et un autre d'apporter son témoignage, plus radical celui-là: «Arrêtez de dire que le monde n'est pas organisé. Il l'est par ceux qui détiennent le pouvoir, dont l'OMC, la Banque mondiale. Vous croyez qu' ils vont partager avec nous les richesses?. C'est soit tu acceptes leurs conditions, tu prends leur train, soit tu vas ailleurs et tu construits ton propre train...» Cinglant! Le documentaire remet en cause le système mondial qui se veut «intégrant» mais «marginalisant». C'est un aveu presque plus déguisé de l'échec du Népad. Demander légalité entre les puissants et les pauvres s'apparente à un leurre. «C'est ça notre drame», souligne-t-on. Que faire alors? Une réponse optimiste émane toutefois, même si elle semble presque hypothétique, illusoire: «Des solutions, on peut les trouver du côté du gouvernement mais aussi des élites, au niveau de la population. Bref, il faut une révolution culturelle!» Le documentaire semble s'achever avec l' idée positive qu'il faut absolument se «débarrasser de la logique d'assistanat»...En effet, la marche reste longue!