Loin des descriptions et de la chronologie, le documentaire met l'Afrique face à son destin. Il s'articule autour de trois axes importants : l'Afrique dans le monde, l'Afrique face à elle-même, et Alger quarante ans après le 1er festival panafricain. Certains impatients seraient curieux de connaître ce qui reste du Panaf' un an après sa tenue à Alger ; d'autres pessimistes, estimeraient qu'il n'y a réellement pas de quoi sautiller pour l'instant ; d'autres encore, plus pragmatiques, s'interrogeraient – légitimement — sur l'avenir de l'Algérie dans l'Afrique. Cette Afrique si vaste mais si recroquevillée sur elle-même, qui a lutté dans le passé contre le colonialisme, et dont les peuples ont tenté de se construire mais en regardant toujours vers le haut, vers l'Europe tant idéalisée, mais jamais autour de soi. Lorsque l'Algérie a formulé sa volonté d'abriter pour la deuxième fois de son histoire le Festival culturel panafricain, les dessins semblaient peu clairs, et la vocation africaine de l'Algérie, quarante ans après le succès du premier Panaf', ne semblait pas évidente. Le festival a eu lieu du 5 au 20 juillet 2009, et ceux qui ont eu la chance de vivre cet évènement historique gardent beaucoup d'émotions et plein d'images. Les Algériens ont renoué avec leur part d'africanité et mieux encore, ils ont montré qu'ils étaient encore capables d'aimer l'autre et de se voir en lui, malgré toutes les blessures et les meurtrissures. Un an après le Panaf', le film Africa is back vient nous rafraîchir la mémoire. Coréalisé par Chergui Kharroubi et Salem Brahimi, ce documentaire de 93 minutes, projeté hier matin pour la presse, revient sur les moments forts du Panaf'. Mais la démarche des réalisateurs, qui avaient en leur possession près de deux cents heures de rush, est mûrement réfléchie, puisqu'ils ne se contentent pas de relater les faits et de décrire le Panaf'. Chergui Kharroubi et Salem Brahimi ont travaillé sur trois versions du scénario pour aboutir à une version finale habile et adroite. Loin des descriptions et de la chronologie, Africa is back qui met l'Afrique face à son destin, s'articule autour de trois axes importants : l'Afrique et le monde, l'Afrique face à elle-même, et Alger quarante ans après le premier festival panafricain. Africa is back commence par la fin… du Panaf'1969, et donc par William Klein qui revient quarante ans après à Alger pour projeter son film emblématique Festival culturel panafricain. Les témoignages de l'auteur et universitaire, Manthia Diawara, William Klein, le metteur en scène sénégalais Mamadou Seyba Traoré, la réalisatrice Jihan Al Tahri, l'altermondialiste et essayiste malienne, Aminata Traoré, et la star hollywoodienne Danny Glover reviennent, dans le documentaire, sur l'échec des indépendances africaines, tout en préconisant que la solution est entre les mains des Africains eux-mêmes. Ces derniers doivent agir ensemble, résister ensemble, réfléchir pragmatiquement ensemble, et songer à construire une Afrique forte. Bâtir des ponts entre l'Afrique et l'Algérie Dans la seconde partie du documentaire qui s'intéresse à l'Afrique face à elle-même, le cinéaste Abderrahmane Sissako n'a pas manqué de réalisme en estimant que les indépendances ont été subies et que l'Afrique est divisée, encore aujourd'hui. Il a également avoué que “l'Algérie a souffert dix ans”, malgré la solidarité témoignée par certains. André Brink a évoqué les résidus de racisme qui subsistent encore dans les mentalités ; et la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a révélé que le but derrière l'organisation du 2e Panaf' était de “parachever la lutte antiterroriste”. C'est donc le début d'une nouvelle ère. La troisième partie de Africa is back, sur lequel cinq équipes ont travaillé du 16 juin au 24 juillet 2009, est un peu plus festive puisqu'elle nous ramène sur quelques- unes des trente scènes qui ont abrités les soirées musicales où le public a réellement communié et retrouvé son centre. Suite à la projection, les réalisateurs, en compagnie d'Ahmed Bédjaoui, producteur délégué pour le ministère de la Culture, ont animé une conférence de presse. “Le producteur s'est comporté comme un vrai producteur. On a eu une liberté très intimidante”, a révélé le coréalisateur, Salem Brahimi. Il a également ajouté que “ce film est très intime”. De son côté, Chergui Kharroubi a estimé que pour l'écriture du film, “on s'est demandé ce qui nous a touché humainement. Ce qu'on a vécu humainement et affectivement”. Par ailleurs, Ahmed Bédjaoui a annoncé que le film sortira à la rentrée prochaine et qu'il prendra part à plusieurs festivals. D'ailleurs, il est déjà inscrit pour un festival à Lagos. Le propos de Africa is back dont l'avant-première a eu lieu hier, ne s'interroge pas sur ce qu'il faut faire de l'Afrique, mais à quelle Afrique on a affaire.