Des centaines de milliers de Chinois travaillent au Proche-Orient, en Afrique du Nord, dont 50.000 à Alger, ainsi qu'en Afrique subsaharienne. La branche maghrébine d'Al Qaîda, l'Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique) a menacé de s'en prendre aux intérêts chinois en Afrique du Nord pour venger les musulmans du Xinjiang, selon le rapport d'un cabinet d'analyse des risques basé à Londres, Stirling Assynt. C'est apparemment la première fois que le réseau d'Oussama Ben Laden menace directement des intérêts chinois. «Nous allons suivre de près la situation et faire des efforts conjoints avec les pays concernés pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer la sécurité des institutions et des ressortissants chinois à l'étranger», a déclaré Qin Gang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Des centaines de milliers de Chinois travaillent au Proche-Orient, en Afrique du Nord, dont 50.000 à Alger, ainsi qu'en Afrique subsaharienne. Il convient de rappeler que les travailleurs chinois ont été à plusieurs fois la cible d'attaques terroristes. La dernière en date à été celle menée le 17 juin dernier contre un convoi de la Gendarmerie nationale. Dix-huit gendarmes ont été tués mercredi près de Bordj Bou Arréridj dans l'attentat le plus meurtrier commis par les groupes islamistes en Algérie depuis dix mois. L'embuscade a été tendue à des gendarmes qui accompagnaient justement des employés chinois travaillant sur un chantier de l'autoroute Est Ouest. La société chinoise Citic/Crcc a été chargée de la construction d'un tronçon entre Alger et Bordj Bou Arréridj. C'est dire que le danger terroriste n'épargne ni les citoyens algériens ni les membres des services de sécurité, encore moins étrangers. Surtout que ces derniers ont un impact médiatique. Les événements qui marquent la Chine ces derniers mois ont été le prétexte pour Al Qaîda de se manifester par de nouvelles menaces. Des groupes de policiers anti-émeute étaient postés hier, dans le quartier musulman d'Urumqi, théâtre de nouveaux incidents la veille, où bon nombre de commerces avaient une nouvelle fois décidé de rester clos. Dans cette zone à majorité ouïgoure de la capitale du Xinjiang, la police a tué par balles lundi deux «suspects» ouïgours, armés de couteaux qui, selon la presse chinoise, avaient été expulsés d'une mosquée après avoir appelé les fidèles en prière au jihad, la guerre sainte. Survenant huit jours après les émeutes qui ont fait au moins 184 morts à Urumqi, l'incident a montré que la ville restait extrêmement fébrile. La Chine a aussi exhorté, par la voix du même porte-parole, le monde musulman à la compréhension au sujet des émeutes, réfutant les accusations de «génocide» lancées par la Turquie. «Nous espérons que les pays musulmans concernés et les musulmans sont en mesure de reconnaître la véritable nature des événements du 5 juillet à Urumqi», a déclaré Qin Gang, «il n'y a rien que l'on puisse appeler un génocide ethnique» au Xinjiang. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s'était élevé vendredi contre «une sorte de génocide» contre les Ouïgours du Xinjiang. A Urumqi, la police anti-émeute était déployée en force mardi au coeur du quartier ouïgour, où la circulation était de nouveau restreinte. La mosquée toute proche est restée fermée, comme certains commerces. «A quoi servirait d'ouvrir? La situation est trop tendue. On ne fait pas d'argent sans client», a souligné un boutiquier hui, autre minorité musulmane de Chine, juste passé par son échoppe de vêtements pour récupérer quelques affaires. Les habitants d'Urumqi ont déjà traversé neuf jours de violence ou de tensions extrêmes depuis que les émeutes ont éclaté le 5 juillet. Des Ouïgours s'en sont alors pris à des Hans, ethnie dominante en Chine, dans une flambée de violence qui, selon Pékin, a fait 184 morts et 1680 blessés. Mais les émeutes, selon la dissidence ouïgoure, ont éclaté après la répression brutale d'une manifestation pacifique de cette communauté, qui se sent maltraitée par les autorités chinoises.