Yousra, Nabila Abid et Ahmed Badir ont bénéficié d'un traitement particulier de la part des organisateurs du festival. «Ils sont venus, ils sont presque tous là», les stars égyptiennes débarquent à Oran à l'occasion du Festival du film arabe d'Oran. C'est la plus importante délégation des pays arabes participant au Festival avec plus 40 invités entre stars, comédiens, journalistes, critiques et invités. Ils sont venus du pays des Pyramides et font leur cinéma dans la ville El Bahia depuis le 23 juillet. La Syrie est la deuxième plus forte délégation du festival avec plus de 12 invités, viennent ensuite les Marocains avec 7 invités, puis la Tunisie avec 4 invités. L'Algérie est présente avec plus de 12 invités parmi eux 4 réalisateurs et 2 comédiens inscrits dans les différentes compétitions du Festival. Mais contrairement aux autres délégations arabes, l'Egypte participe en force pour affirmer sa mainmise sur le cinéma arabe dans le monde. Choyés et chouchoutés, ils bénéficient d'un traitement particulier de la part de la direction du Festival, ce qui fait des jaloux dans les autres délégations arabes et même dans le camp algérien. Côté star, c'est Yousra, la vedette fétiche de Youcef Chahine, qui a volé la vedette à l'ouverture du Festival et qui a attiré les projecteurs de toutes les caméras, même égyptiennes lors de la soirée d'ouverture. En dépit de son statut de star mondiale, Yousra est apparue très décontractée, faisant sans concession le jeu de toutes les sollicitations de ses admirateurs: photos, dédicaces et interviews. Même si elle est restée seulement 24 heures, elle a réussi à faire oublier l'autre vedette égyptienne présente au Festival d'Oran, Nabila Abid, qui a commencé dans les années 60 avec son film Rabeaa El aadaouia, et qui est devenue star d'Egypte dans les années 80 et 90 avec des films comme l'Affaire Samiha Badran. Invitée comme membre de Jury des films longs métrages, Nabila Abid s'est donné une image de star VIP, impossible à approcher. Ce n'est pas le cas du comique Ahmed Badir, qui bénéficie d'un succès sans précédent à Oran et qui s'est facilement mêlé à la société oranaise. Ahmed Badir, qui a été ´´soumis´´ à un traitement VIP et qui n'était pas libre de tous ses mouvements, a plusieurs fois échappé à ses accompagnateurs pour se joindre à la population et discuter de vive voix avec ses habitants. Badir était tout le temps disponible pour des photos souvenirs, des dédicaces et surtout faisait le comique avec tout le monde, même avec les agents de sécurité de l'hôtel ou les policiers qui étaient chargés de sa protection, ce qui augmentait encore plus sa popularité au sein des Oranais. Même s'ils sont jalousés par certains participants des pays arabes, il n'en demeure pas moins que la popularité des stars égyptiennes a apporté un cachet international de haut standing au festival, contrairement aux stars syriennes Djamel Souleiman, ou encore la comédienne Sawsan Nadjmdine, qui ne bénéficient pas de succès apparent auprès du public ou des médias. Le succès de l'Egypte est aussi dans son cinéma et le film le plus attendu est bien entendu Doukan Chahata de Khaled Youcef, qui a volé la vedette à notre plus grande production Benboulaïd, avant même le commencement du festival. Le film est programmé le dernier jour du festival en présence du réalisateur Khaled Youcef et en absence de celle par qui la polémique a éclaté, Hayfa Wahbi. Considéré par les critiques comme purement commercial, ce film a été ingénieusement programmé par la direction du Festival pour faire le buzz médiatique. Un peu comme les superproductions américaines programmées en ouverture ou en clôture du Festival de Cannes. Mission réussie, puisque la polémique du film a atteint des proportions internationales. Il faut dire aussi que les Egyptiens sont très organisés sur le plan marketing, contrairement aux autres pays arabes, puisque avant même la programmation du film, des DVD de presse, contenant des photos, des synopsis et des affiches du film, sont distribués aux journalistes algériens locaux pour leur faciliter le travail et établir une bonne couverture locale. L'Egypte est d'ailleurs présente en force dans la compétition pour l'Ahaggar d'Or, puisque trois longs métrages (la plus forte participation dans ce registre pour un pays) sont dans la course: Doukan Chahata de Khaled Youcef, Mecano de Mahmoud Kamel et Khaltat Faouzia de Magdi Ahmed Ali, en présence de la vedette du film, la très controversée Ilham Chahine. La comédienne égyptienne s'est illustrée l'année dernière, en donnant à la presse égyptienne, les résultats du palmarès avant même la cérémonie de clôture, et cela pour protester contre l'absence de prix accordé aux films égyptiens. Son comportement désagréable a été aussi dénoncé par deux membres du jury du festival l'année dernière: l'Algérienne Bahia Rachedi et le Marocain Mohamed Miftah. Son arrivée à Oran est très attendue par la presse locale, laquelle compte prendre son avis sur cette polémique. Il est clair que cette année, l'Egypte ne compte pas repartir bredouille dans son pays et espère rafler au moins le grand prix ou les prix similaires. C'est en tout cas ce que souhaite la presse égyptienne venue en force à Oran avec plus de 12 journalistes et 8 critiques, parmi les plus racés dans le domaine: Kamel Ramzi ou encore Ali Abou Chadi qui est en même temps à la tête de la commission de censure en Egypte. Sa présence vise également à prospecter des films pour les inscrire au Festival d'Alexandrie, dont il est également le président. Peut-on faire un festival arabe sans la participation ou la complicité des Egyptiens? La mission est quasi impossible en raison de l'hégémonie, de l'industrie et de la popularité des stars égyptiennes, qui affirment leur présence malgré une grande avancée du cinéma syrien et une maturité du cinéma tunisien et marocain.