Placée cette année sous le signe de la solidarité avec «El Qods, capitale de la culture arabe», cette troisième édition a été inaugurée jeudi soir au théâtre Abdelkader-Alloula. Comme le veut la tradition, nos stars arabes sont accueillies sous les détonations du baroud qui leur souhaite la bienvenue. Les artistes sont conduits d'abord à la mairie d'Oran pour une réception en leur honneur avant d'être conduits au théâtre. Les stars de cette année sont, entre autres, les comédiens Yousra et Ahmed Badir qui essuieront un bain de foule grandiose en allant à la rencontre de leurs fans et spectateurs. Après la montée de marches et le tapis rouge, c'est à 21h que commence la cérémonie d'ouverture. Arrive sur scène Houria à la voix d'or de l'émission Alhane oua Chabab pour interpréter une chanson patriotique avant la venue du président du festival, Hamraoui Habib Chawki. Celui-ci saluera dans son discours, le martyr de la Révolution algérienne, Ahmed Zabana, et pour la cause palestinienne Mohamed El Dora et pour le 7e art Youssef Chahine. L'égérie de ce dernier est présente ce soir dans toute sa splendeur avec sa robe de satin noir. Il s'agit de la comédienne glamour Yousra qui ne tarira pas d'éloges sur son ami et réalisateur fétiche «Jo». Elle nous confiera, en aparté, toute son admiration pour ce réalisateur disparu qu'elle qualifie de légende et de monument du cinéma arabe. «Il n'y avait pas deux comme lui. Il était unique. Quand tu t'asseois à côté de lui lors d'une discussion banale, tu as cette impression d'avoir obtenu un diplôme d'une grande université. J'ai eu la chance de le côtoyer pendant de longues années. Toute une vie. Youssef Chahine c'est une légende qui ne reviendra plus. Il a été une colonne vertébrale dans ma vie», dira-t-elle. Dans son allocution d'ouverture M.Hamraoui Habib Chawki saluera les artistes qui «marchent, volent vers le rêves et nous permettent ainsi de rencontrer des étoiles, du cinéma». Aux détracteurs, il soulignera «l'impossibilité de faire régner l'obscurité en éteignant la bougie et cette flamme de résistance qui émane du peuple palestinien». Puis ce fut le moment de présenter le jury devant remettre l'Ahhagar d'Or parmi les 10 films longs et 17 courts entrant en compétition. Présidé par le réalisateur cinématographique palestinien Rachid Mechahraoui, le jury dans la catégorie long métrage est composé de six membres comprenant la Saoudienne El Ghamidi Meriem, l'Egyptienne Nabila Abid, la réalisatrice et actrice syrienne Waha El Raheb, le réalisateur marocain Kamel Kamel et le dramaturge algérien Wacini Laâredj. Le jury dans la catégorie court métrage est présidé pour sa part, par l'actrice et écrivaine libanaise, Claudia Merachaliane et quatre membres dont l'actrice algérienne Rym Taâkoucht, le Soudanais Abderrahman Nejdi, la Libyenne Khadouja Sabri et le critique cinématographique égyptien, Ahmed Fayek Hamza. Trois hommages appuyés ont été par la suite rendus. D'abord, au grand dramaturge défunt Abdelkader Alloula à travers une scène de la pièce El Khobza. Pour ce faire, un prix honorifique a été décerné à Mme Rajae Alloula qui l'a dédié à nos frères dans la Palestine occupée. Deux violonistes entrent sur scène. Sur écran, on aperçoit le célèbre poète engagé Mahmoud Darwich. C'est un hommage qui est rendu à la Palestine à travers la personne du grand réalisateur Rachid Masharawi présent au festival par son beau film L'anniversaire de Leïla. «A Oran, on dit El Qods, capitale de l'éternelle culture arabe, tâchons de faire en sorte pour qu'elle le soit. C'est une lourde responsabilité qui nous échoit, nous en tant que citoyens et artistes.» De son côté, la comédienne Yousra dira après qu'elle ait reçu un tableau honorifique, tout son amour pour le public algérien et le remerciera de façon singulière, en tamazight SVP!: «Hamlaâkem atas atas!»Yousra, un petit drapeau de l'Algérie dans la main est rejointe sur scène par deux élèves de la dernière émission Alhane oua Chabab pour interpréter l'amour dans les trois langues: arabe, français et anglais. Un extrait vraisemblablement d'un de ses albums puisque l'artiste au coeur tendre est aussi chanteuse. Elle le prouvera ce soir sur scène en étalant toute sa sensibilité de femme et d'artiste au long et riche parcours. Un pur moment d'émotion. La soirée est clôturée dans l'effervescence par un miniconcert du groupe algérien Djemaâoui Africa qui fera vibrer la salle et dérider plus d'un acteur dans son smoking noir... Et c'est parti pour une semaine chargée de projections, entrecoupée de conférences et de riches débats, on l'espère fructueuse pour le futur du cinéma arabe et son devenir dans la sphère cinématographique mondiale. Il est bon de signaler aussi que le Festival international du film arabe qui se tient à Oran organise un concours du meilleur article critiquant un ouvrage cinématographique arabe. Le prix l'Ahaggar d'Or dont l'estimation est fixée à 5000 dollars est ouvert aux journalistes et critiques arabes désirant y participer. Toutes les informations liées à ce concours sont publiées sur www.cinearabfestival.org. Hier matin, le Musée de la cinémathèque a accueilli la première projection des films courts de différentes nationalités (Palestine, Liban, Syrie). Côté long métrage, la salle Saâda a acceuilli le nouveau film de Abdekrim Bahloul, une histoire autobiographique intitulée Le Voyage d'Alger, suivi du mélancolique film Le sel de la mer d'Anne-Marie Jasser.