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Lire en été...
LA PETITE BIBLIOTHÈQUE DE L'ETE 2009 (I)
Publié dans L'Expression le 29 - 07 - 2009

Evidemment, il faudrait lire toute l'année. Mais toute l'année, qui ne se plaint pas du manque de temps?
Vous savez, le temps pourrait manquer pendant l'été, aussi. Mais le désir de lire doit être satisfait durant l'été, saison qui est supposée permettre à ceux qui ont beaucoup travaillé, aux autres saisons, de se reposer, de se détendre, de lire, d'éprouver enfin le plaisir, oui, le plaisir de lire! Le livre, dit-on, est un ami, assurément. Et dans ce sens, il est également un confident d'une certaine façon, et il instruit, car il n'est pas un jeu, et l'on gagne beaucoup à tromper l'ennui, on gagne du temps sur l'ennui. C'est quelque chose, non?
Comme l'été dernier, nous ouvrons notre «Petite Bibliothèque de l'Eté». Nous rappellerons à nos lecteurs du Temps de Lire - en espérant qu'ils soient maîtres de leur Temps - des livres traitant de sujets divers dans les domaines de notre vie au quotidien. Ce n'est pas une anthologie des ouvrages à lire. Seulement une revue rapide des titres, parmi tant d'autres, et dont le contenu devrait peut-être retenir l'attention.
AHMED BEY L'ALGERIEN (Livre 1) de Nasredine Guénifi (Editions Alpha, Alger, 2008, 240 pages): «Dans ce roman (livre 1 de Ahmed Bey l'Algérien)», Nasredine Guénifi nous renvoie à l'«Aïd El-fitr, le 1er chaoual 1243, correspondant au 29 avril 1827 de l'ère chrétienne. [...] Le dey Hussein a près de 60 ans, mais il garde un physique vigoureux.» C'est là que tout commence. Bientôt arrive sur les premiers rangs dans les faveurs du Dey d'Alger un homme dont la filiation et le mérite lui sont ouvertement jalousés: «Âgé d'environ quarante-cinq ans, il est le plus jeune bey d'Algérie et l'un des rares Kouloughli à accéder à cette fonction qu'il exerce depuis quatre ans.» C'est Ahmed Bey, l'Algérien...Ecrit dans un style simple, agréable, sans fioritures - mais attention à quelques maladresses inévitables sans doute dans une première publication, et tout particulièrement quand il s'agit d'un travail romanesque «sur l'histoire», car si même la fiction n'est pas un calque de la réalité, elle n'autorise pas, je pense, un excès dans la double articulation du vrai et du vraisemblable -, nous avons le plaisir de lire cette première partie de la magnifique histoire de Ahmed Bey de Constantine. Mais il faut oublier que l'on s'instruit aux sources de l'histoire. Ici, quoi qu'on fasse, on reste dans la fiction, la bonne fiction qui émeut et qui donne la fierté d'être ce que l'on est.
CAUSES DE LA REGRESSION DES MUSULMANS (de Chakib Arslâne, 1869-1946), éd. Haut Conseil Islamique, Alger, 2006, 112 pages): Tous les peuples qui vivent trouvent la clé du progrès dans la science suprême. [...] Par ce temps, qui nous chagrine, fait de cauchemar, de mensonge et d'hypocrisie, nous observons à notre tour ce que Chakib Arslâne, en 1930 a déjà observé et, encore bien avant lui, tant de penseurs musulmans aux idées claires et humaines. «Tous les peuples, écrit-il dans un article brillant, se réfugient dans leur religion, dans les valeurs de leur personnalité qu'ils ont héritées de leurs ancêtres et ne les rejettent pas, sauf les musulmans!»
Cette oeuvre, quoique brève, a eu, par sa densité, un pouvoir long et durable; elle a influencé heureusement de nombreux militants de la justice et du progrès à travers le monde et parmi eux des Algériens: Messali Hadj, Aboûl Yaqdâm, Saïd Zâhirî, Tayeb El-‘Oqbî, Tewfîq El-Madânî, Malek Benabi (qui a émis la célèbre théorie de la «colonisabilité»), Ben Badis,...Elle nous est proposée dans une traduction de l'arabe vers le français par les professeurs Hachemi Tidjânî et Zahîr Ihaddâden avec une utile préface de Chikh Bouamrane. [...] Chakib Arslâne explique que l'Islâm n'est pas la cause du retard des musulmans, s'ils ne sont pas à l'heure du rendez-vous de la marche du monde, ce n'est pas la faute au Coran. Sa longue et puissante réflexion nous en donne cette mesure: «Dans le monde musulman, si un appel se fait entendre en faveur de l'attachement au Coran, à la croyance, aux valeurs islamiques, à la langue arabe, à la littérature arabe et à la vie orientale, ceux qui ont un doute dans leur coeur se lèvent immédiatement pour crier: À bas la réaction! Comment voulez-vous progresser alors que vous êtes attachés à des valeurs et des formules discrètes qui nous viennent du Moyen Âge alors que nous vivons une période moderne?»
LE CREPUSCULE DES ANGES de Saïd Smaïl (Editions Dalimen, Alger, 2008, 530 pages): «Les jours heureux n'ont pas de durée, puisque tous les printemps aussi. [...] Le Crépuscule des Anges est, en effet, une histoire tout compte fait simple et surtout vraisemblable d'autant que c'est dans la psychologie des personnages, dans leur mode de vie (croyances, origines, préjugés, tabous,...) et dans l'époque décrite où se déroule l'action, que le drame surgit et que l'émotion devient souveraine. La chaîne mythique «liberté-égalité-fraternité» explose d'orgueil dans une Algérie colonisée et, ici et là dans les consciences; elle ne résout rien. Saïd Smaïl tente de le montrer avec beaucoup d'humanisme, mais parfois avec trop de sensiblerie dans sa façon de communiquer son noble projet: l'amour doit être au-dessus de la haine. [...] La tragédie est au bout de cette histoire d'amour, quelque part dans les maquis de la liberté.


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