L'action politique est entre le marteau de la tyrannie de l'appareil et l'enclume du nomadisme politique. Deux anciens élus et l'ex-président de la section RCD de la commune de Mechtras, wilaya de Tizi Ouzou viennent de quitter le parti. Il s'agit de MM. Omar Chabballah, Saïd Saïdi et Madjid Saâd, respectivement ex-élus et ancien président de section. Dans un communiqué adressé à notre rédaction, les «insurgés» ont tenu à rendre publique leur «résolution de quitter définitivement le parti». Selon le même document, les relents de «l'affaire» remontent à des divergences politiques qui opposaient les concernés au maire de la localité et à ses deux adjoints, issus de la majorité RCD ayant remporté les locales de 2005. Les signataires du communiqué ont précisé que les divergences portaient sur la gestion des affaires de la commune et qualifiée d'«irresponsable, inconsciente et opaque». Ce faisant, les démissionnaires mettent le doigt sur la partialité de la section du parti en faveur de ce qu'ils ont assimilé au «triumvirat», constitué par le maire et les membres de l'exécutif communal. Cette référence est à forte consonance historique dans la mesure ou le lien est fait avec les «3 B»: Bentobal, Boussouf et Belkacem Krim. Se voulant rétrospective, la lecture faite par les «ex-militants» du RCD met en filigrane une pratique ancrée dans les moeurs politiques du pays. C'est l'exclusion présentée sous forme d'«assainissement», voire d'«assainissement démocratique», et de «redressement». Aussi, les auteurs du document ont dénoncé qu'«au lieu d'appeler à l'union des rangs pour cimenter les liens des élus, des militants et des sympathisants, la section du parti s'est fondue d'un communiqué on ne peut plus ambigu et inattendu: notre exclusion du parti en nous traitant désormais d'ex-élus». Ladite mesure a été appuyée par le bureau fédéral qui a décidé de traduire les trois militants devant le conseil de discipline. Seulement, les mis en cause ont dénoncé l'absence de toute «forme de procès» dans la procédure. A l'anomalie constatée sur la forme, les mis à l'écart ont joint «une comparaison significative et lourde de sens», présentée en guise de motif à leur sanction par le responsable du BF. A ce titre, le communiqué a déploré la réaction dudit responsable qui leur aurait lancé: «Que pesez-vous devant le départ des illustres Ferhat Mehenni, Mokrane Aït Larbi?...». Cela dit, l'évocation des noms de ces anciens cadres et de tant d'autres ouvre libre la voie à la spéculation sur les motivations réelles de cette sortie médiatique. Conviction militante ou calcul politique? La question mérite d'être posée, surtout que le rapport de force au sein des formations politiques, n'est actuellement, pas déterminé au gré de la représentativité. Autant dire que la légitimité militante n'est plus de mise au sein des partis. Sur ce plan, le RCD semble ne pas échapper à la règle. Preuve en est: de nombreuses figures connues de ce parti ont quitté le navire ces derniers temps. Pour ne citer que leurs cas, les départs de MM.Djamel Fardjallah, Tarek Mira et Me Ali Brahimi ont alimenté la chronique politique. Face aux développements que connaît la scène politique nationale, le RCD réussira-t-il à tirer son épingle du jeu? A l'ère du nomadisme politique, conjugué à la réduction des partis à de simples appareils administratifs, rien n'est sûr.