L'envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental a pour mission de faire appliquer la résolution 1871 adoptée le 30 avril 2009 par le Conseil de sécurité. «Nous soutenons Christopher Ross dans cette démarche et nous considérons que l'objectif de ces discussions est de créer une nouvelle dynamique après les quatre sessions officielles de négociations de Manhasset», a fait part lundi, dans un communiqué, un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Un appui aussi inattendu qu'inespéré pour le diplomate américain. Il supervisait la première réunion informelle, qui s'est déroulée à Vienne en Autriche les 10 et 11 août entre une délégation marocaine de haut niveau, emmenée par Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, et les représentants du peuple sahraoui. Depuis l'échec du quatrième round des négociations qui ont eu lieu au mois de mars 2008 à Manhasset, en proche banlieue new-yorkaise, les ponts semblaient rompus entre les deux parties belligérantes. Et il faut bien le reconnaître, la position de la France au sujet de cette question était loin d'être conforme avec les différentes résolutions votées et adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU dont elle est tout de même membre à part entière. Paris a ainsi soutenu sans état d'âme, le projet marocain de large autonomie des territoires sahraouis occupés. Au cours de son voyage en terre marocaine au mois d'octobre 2007, le président de la République française, fraîchement élu, avait sans détours apporté sa caution à l'initiative des autorités marocaines. «Le plan d'autonomie marocain existe, il est sur la table. Il constitue un élément nouveau de proposition après des années d'impasse. Je forme le souhait, qu'il puisse servir de base de négociation pour la recherche d'un règlement raisonnable», avait alors déclaré, lors de son discours devant le Parlement marocain, Nicolas Sarkozy. Ce qui a eu pour effet, de sortir le Front Polisario de ses gonds. «C'est cet alignement sur la politique de l'occupant marocain depuis 1975, qui a fait échouer tous les efforts louables déployés par la communauté internationale pour la décolonisation du Sahara occidental et qui a fait aussi que le régime marocain bénéficie d'une impunité totale en se permettant de perpétuer les crimes de guerre et les violations des droits de l'homme au Sahara occidental», avait tenu à souligner un communiqué du gouvernement de la République arabe sahraouie. Pourtant, lors d'une de ses interventions devant l'Assemblée générale des Nations unies, le chef de l'Etat français avait affirmé qu'«il n'y aurait pas de paix dans le monde si la communauté internationale ne soutenait pas le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes». Pas moins de dix ONG, organisations non gouvernementales avaient alors décidé de le prendre au mot à la veille de son voyage au Royaume alaouite. «Partageant cette analyse et connaissant votre intérêt pour la région du Maghreb, nous voudrions profiter de votre prochain déplacement au Maroc pour attirer votre attention sur la situation dans les territoires du Sahara occidental.» ont écrit, notamment, les représentants de la Ligue française des droits de l'homme, du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), et du Syndicat de la magistrature dans une lettre adressée au chef de l'Etat français qui s'apprêtait à s'envoler pour Rabat. Une virée qui s'est soldée par une solidarité à tous crins avec le souverain marocain sur la question du Sahara occidental. Une position rigide et constante puisque pas plus loin que le mois dernier, la France officielle avait réitéré son appui au projet marocain à travers les échos qui nous sont parvenus du Palais Bourbon. «L'immense majorité des députés français considère que la question du règlement de la question du Sahara occidental passe par une large autonomie sous souveraineté marocaine», a déclaré Jean-Michel Boucheron, député du Parti socialiste, à l'issue d'une rencontre avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, le 8 juillet à Paris. Tandis que de son côté, l'élu du Mouvement pour la France, Dominique Souchet, en faisait de même. «Nous sommes très nombreux à la commission (des affaires étrangères de l'Assemblée) à accorder beaucoup d'intérêt à ce projet marocain d'ouverture», a confié le député de la majorité présidentielle. Le récent communiqué du Quai d'Orsay semble vouloir rectifier le tir. «En adoptant la résolution 1871, le Conseil de sécurité a appelé les parties à adopter un esprit de compromis pour permettre aux négociations d'entrer dans une phase intensive et substantielle», a ajouté le porte-parole du département de la diplomatie française. Sarkozy donne l'impression de pencher enfin (?), à propos de ce dossier, du côté du respect des résolutions votées par le Conseil de sécurité et de la légalité internationale. L'effet Obama y est probablement pour quelque chose.