Comme par hasard, c'est encore la France qui préside le Conseil de sécurité de l'ONU, à l'occasion de la reprise des contacts informels entre le Maroc et le Front Polisario dans le but de préparer le cinquième round des négociations directes pour trouver une solution définitive à ce conflit. Avant la nouvelle session de négociations informelles sur le Sahara occidental les 10 et 11 février prochains près de New York, la France, qui assure la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, a annoncé qu'elle soutenait la démarche de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross. C'est le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valéro, qui a fait cette déclaration jeudi. “En tant que président du Conseil de sécurité au mois de février 2010, la France soutient l'envoyé personnel dans cette démarche”, a-t-il indiqué. La même source soulignera que l'objectif de ces discussions est de “préparer une cinquième session de négociations officielles, afin de se diriger vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable pour les parties dans le cadre des Nations unies”. Bien que cette déclaration laisse croire que Paris se range du côté de la légalité internationale, les Sahraouis ne doivent pas se faire d'illusion car la France demeure le plus important soutien du plan d'autonomie, que Rabat veut imposer comme unique solution sans passer par un référendum d'autodétermination dans le cadre de la décolonisation des territoires classés autonomes par l'ONU et dont le Sahara occidental fait partie. Même son de cloche du côté de l'Espagne, dont le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a insisté, jeudi à Bruxelles, sur la nécessité de “trouver une solution définitive et durable pour le conflit”, sans toutefois faire allusion à un référendum d'autodétermination lui aussi. En réponse à une question d'un eurodéputé sur la demande de l'envoyé spécial du SG de l'ONU de maintenir la Minurso, Moratinos se limitera à dire que “la question du maintien de la Minurso au Sahara occidental doit être tranchée au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies”. Dans le même ordre d'idées, le chef de la Minurso, Hany Abdel-Aziz, qui était de passage à Alger, a estimé que le moment était “opportun d'entrer en toute sincérité” dans les négociations entre le Maroc et le Polisario, car il a ajouté avoir perçu une “disponibilité” des deux parties en conflit “d'avancer dans la voie des négociations pour aboutir à un règlement définitif du conflit qui dure depuis 35 ans”. “C'est le moment opportun d'entrer en toute sincérité dans les négociations (...) Les positions des deux parties divergent totalement, mais tout reste possible si la volonté existe”, a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien avec le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Ce dernier rappellera que “l'Algérie apportera son soutien comme elle l'a toujours fait aux Nations unies et à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu au Sahara occidental, Christopher Ross, dans la recherche d'une solution qui soit fondée sur le droit sacré à l'autodétermination, conformément à la légalité internationale et aux résolutions de l'ONU”. De son côté, le porte-parole du gouvernement marocain, Khalid Naciri, a indiqué, jeudi, que le Maroc abordera avec un “esprit positif et ouvert” la prochaine session de négociations informelles sur le Sahara occidental, qui le réunira les 10 et 11 février à New York avec le Front Polisario. “Nous espérons avoir des interlocuteurs sérieux et capables d'avancer dans la même positivité dans laquelle nous allons”, a affirmé le responsable marocain, avant d'ajouter que “le Maroc est confiant à condition de changer le discours de la guerre froide qui prévaut toujours à Alger et à Tindouf, et c'est bien triste”. Revenant sur le projet d'autonomie que Rabat propose pour mettre fin à ce conflit, Khalid Naciri a estimé que son pays “a fait évoluer sa position sur le fond et la forme alors que l'autre partie tient toujours à des positions dépassées, ce qui ne servira nullement la région”. En d'autres termes, la position de Rabat n'a pas changé d'un iota.