Les revendications du patronat se limitent souvent à la protection du marché, à l'effacement des dettes et une réduction des impôts, estime le ministre. Cette année la facture des importations, qui sera de 37,5 milliards de dollars, absorbera presque entièrement les recettes des exportations des hydrocarbures de 40 milliards de dollars prévus. C'est une équation qui inquiète fortement le gouvernement, selon les déclarations du ministre des Finances, Karim Djoudi, faites hier lors d'une rencontre avec la presse. Au cours du premier semestre de l'année, les importations sont à hauteur de 19 milliards de dollars pour des rentrées de 20 milliards. La réduction de la facture des importations est alors un objectif poursuivi par le gouvernement et c'est tout le sens donné à certaines des décisions prises par la loi de finances complémentaire de 2009. C'est le cas, par exemple, pour l'obligation de passer par le crédit documentaire pour le paiement des achats à l'étranger ou encore de la limitation de la procuration pour la domiciliation auprès des banques aux seuls membres du personnel habilités par l'entreprise. C'est aussi pour avoir un droit de regard sur les importations que l'Etat a décidé de s'offrir la possibilité d'entrer dans le capital des sociétés d'importation à hauteur de 30%. Ces précisions du ministre viennent en guise de réponse aux associations du patronat qui ont été unanimes à créér au scandale après la publication de la loi de finances complémanaire. A une question sur l'absence de dialogue avec ces organisations, le ministre a souligné qu'il n'a pas souvenance d'associations qui ont introduit des propositions lorsque le projet était en préparation. D'un autre côté, il admet que si les décisions du gouvernement sont sujettes à discussion, il doute que leurs objectifs soient remplis notamment s'il doit se soumettre aux propositions d'amendements. En règle générale, dit-il, les demandes du patronat sont claires. Il veut une protection du marché, l'effacement de la dette et une réduction des impôts. Le fait que le ministre prenne avec ironie ces suggestions laisse croire qu'il n'y accorde pas beaucoup d'intérêt. Le ministre souligne qu'il est temps que l'Algérie s'oriente vers la production de biens qu'elle consomme et de ne pas se fier seulement aux recettes des hydrocarbures pour satisfaire une demande toujours croissante. Il va même jusqu'à dire que les étrangers ne doivent pas seulement appréhender l'Algérie comme une source de financement de leurs exportations mais que le vrai partenariat est que le pays puisse, lui aussi, fabriquer des produites qu'il pourra même exporter. Actuellement, il est facile de «pomper» l'argent vers l'étranger par des moyens de paiement comme le transfert libre, ce qui n'est pas bon pour la préservation des richesses. Même en ce qui concerne la suppression du crédit automobile, le ministre trouve que c'est un moyen de décourager les importations afin de permettre à de futurs partenaires d'installer des usines de fabrication. Il indique que depuis l'instauration de la taxe sur les véhicules, l'année dernière, il y a eu des contacts avec certains constructeurs, dont il a tu le nom, dans la perspective de s'installer dans le pays. Les importations de véhicules ont atteint 3,7 milliards de dollars actuellement. Le ministre précise que l'endettement des ménages a atteint 1,5 milliard de dollars alors que les prix ont été soutenus à hauteur de 200 milliards de dinars en 2008. A une question sur les capacités du tissu industriel national de compenser les quantités de marchandises importées, le ministre s'est contenté de dire que le gouvernement ne cesse d'offrir des allègements fiscaux aux entreprises pour poursuivre leurs activités dans de meilleures conditions. Selon lui, le fait que l'Etat paye les charges sociales à un certain degré à la place de l'employeur incite ce dernier à embaucher davantage alors que le plan d'investissement public est susceptible de créer les infrastructures nécessaires pour l'investissement local. Toutefois, Karim Djoudi est conscient qu'il faudrait bien que le privé se prépare afin d'être dans la capacité de susciter l'offre nationale qui ne pourrait pas être uniquement l'oeuvre du secteur public. L'encouragement de l'investissement dans les secteurs de l'agriculture et du tourisme sont des exemples donnés par le ministre. Certaines entreprises comme la Snvi et le Complexe moteurs tracteurs font déjà l'objet d'assainissement avec une réduction de la dette à hauteur de 4% et une dotation en fonds de roulement accompagnée de mesures de redressement interne. Le ministre a ensuite livré quelques agrégats sur le marché en disant que 22% de la masse monétaire en Algérie circule en dehors du circuit bancaire. Il a aussi souligné que le paiement obligatoire par chèque au-delà d'un certain montant sera rétabli.