Bonne nouvelle pour les agriculteurs. Les pouvoirs publics ont décidé d'effacer toutes les dettes des fellahs et des éleveurs, qui s'élèvent à 41 milliards de dinars. C'est l'annonce faite, hier, par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika depuis Biskra. Dans une allocution prononcée à l'occasion de l'ouverture de la conférence nationale sur le renouveau de l'économie agricole et le renouveau rural, devant plus de 5 000 participants, le Président dira que "l'Etat a décidé d'effacer totalement les dettes des agriculteurs et des éleveurs et c'est le Trésor public qui rachètera celles-ci". A ce propos, il a ajouté que "les banques devront suspendre à partir d'aujourd'hui toute opération de recouvrement de ces dettes". C'est ainsi que l'annonce du président Bouteflika a soulagé les fellahs, puisque l'effacement des dettes reste l'une des préoccupations principales posées depuis toujours aux pouvoirs publics. Dans une précédente déclaration, le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), M. Mohamed Alioui, a déclaré que 15 000 fellahs sont poursuivis en justice à cause de conflits relatifs au foncier mais aussi pour non paiement des impôts. Toujours selon lui, 130 000 autres fellahs n'ont pas payé à la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) leurs dettes qui s'élèvent à 12 milliards de dinars. Pour sa part, le président du conseil d'administration de la Caisse nationale de mutualité agricole, M. Dilmi Abdelatif, a déclaré que le conseil d'administration a proposé au Trésor public "de couvrir ces dettes pour un taux d'intérêt de 1% ou de devenir partenaire et actionnaire de la caisse". Cependant, le chef de l'Etat a pris la décision de l'effacement total de ces dettes. Notons aussi que les agriculteurs sont confrontés à d'autres problèmes. Il s'agit notamment de l'absence d'espaces de vente pour leurs produits. A ce propos, le président Bouteflika a promis de répondre à cette préoccupation en facilitant la vente des produits agricoles. Il y a lieu de souligner que le ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, a annoncé, dans le cadre du prochain programme quinquennal, la réalisation de plusieurs marchés, notamment des marchés de gros. Le chef de l'Etat a également appelé à assurer la sécurité alimentaire qui est une responsabilité "partagée entre l'Etat et les agriculteurs". Il faut dire que cet appel du président de la République intervient dans un contexte difficile marqué par une crise économique mondiale qui oblige un pays comme l'Algérie, dont les recettes sont basées sur l'exportation des hydrocarbures, de penser sérieusement à l'après-pétrole. Avec une facture alimentaire en hausse, l'urgence de promouvoir une économie agricole s'impose de jour en jour. Ladite facture est passée de 4,49 milliards de dollars en 2007 à 7, 82 en 2008. Et la facture des céréales, semoules et farines a atteint la valeur de 3,98 milliards de dollars en 2008, contre 1,98 milliard USD en 2007, enregistrant ainsi une hausse de plus de 100% (100,61%). En tout cas, l'Algérie se doit de réduire sa dépendance alimentaire. C'est d'ailleurs l'objectif principal de la cette première conférence sur le renouveau de l'économie agricole et le renouveau rural. Près de 5 000 personnes (agriculteurs, producteurs, industriels, bailleurs de fonds et responsables politiques, représentants d'associations professionnelles) venant des quatre coins du pays participent à cet événement qui se tient sous le slogan "Le monde rural, avenir et potentialités à découvrir et à valoriser". Cette rencontre, la première du genre depuis l'indépendance, devrait constituer un "tournant" pour le processus de développement de l'agriculture et le processus de développement rural, engagée par l'Algérie depuis une dizaine d'années. Elle permettra aussi de faire des projections sur les cinq années à venir, durant lesquelles le secteur est appelé à connaître une nouvelle dynamique de développement. Nacera C.