Dans des communiqués, ils s'accusent de vouloir relancer le conflit confessionnel qui avait ensanglanté l'Irak (2006-2007) Les partis chiites au pouvoir en Irak et l'insurrection sunnite se rejettent la responsabilité du double attentat qui a fait 95 morts mercredi à Baghdad, démontrant que la fracture entre les deux principales communautés musulmanes est loin d'être résorbée. Dans des communiqués, ils s'accusent de vouloir relancer le conflit confessionnel qui avait ensanglanté l'Irak (2006-2007), d'être soutenus par des pays étrangers, l'Arabie saoudite pour les sunnites et l'Iran pour les chiites, et en appellent à la communauté internationale pour faire cesser ses «crimes». Le Premier ministre irakien chiite Nouri al-Maliki a accusé «les criminels baassistes et les takfiris (fondamentalistes sunnites), soutenus par l'étranger, d'agir pour replonger le pays dans un conflit confessionnel et d'annihiler l'espoir des Irakiens de recouvrer leur souveraineté et une vie normale». Lui emboîtant le pas, le Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII), formation chiite proche de l'Iran, a pointé du doigt dans un communiqué «les gangs takfiris et les nostalgiques de l'ancien régime qui montrent ainsi leur face hideuse et leur plan criminel contre la liberté». «Nous appelons l'ONU et les gouvernements, les organisations arabes et musulmanes, à considérer ces crimes comme un génocide», ajoute-t-il. Un député chiite proche du Premier ministre a accusé l'Arabie saoudite de soutenir les auteurs des attentats. «Ce pays essaie de détruire la sécurité en appuyant les insurgés», a déclaré Sami al-Askari au quotidien al-Doustour. Mais l'insurrection sunnite ne l'entend pas de cette oreille et assure qu'il faut rechercher les coupables au sein de la coalition gouvernementale qui se déchire pour le contrôle du pays. «L'Armée islamique d'Irak condamne toutes les attaques visant des innocents en Irak. Nous accusons les forces d'occupation, les gouvernements et les partis politiques (chiites) dont les milices se battent entre elles d'avoir mené ses attaques», affirme ce groupe clandestin sur son site. «Les forces qui s'entredéchirent pour contrôler l'Irak veulent arriver à leurs fins en versant le sang des innocents. Les attaques à Baghdad confirment que certaines factions du gouvernement désirent établir un Etat confessionnel», ajoute le communiqué. Constituée en 2003 par d'anciens baâssistes (du parti Baas de l'ancien président Saddam Hussein) et de militaires, cette organisation proche des Frères musulmans est hostile à Al Qaïda. Considérée comme l'une des plus grandes organisations de rebelles, elle a mené de nombreuses opérations contre les milices chiites et les forces américaines. Pour leur part, les baâssistes du Front national patriotique islamique d'Irak, jugent ridicules les accusations du gouvernement. «Accuser la valeureuse résistance et les opposants d'avoir mené ces attaques est un prétexte éculé et inepte», assurent-ils sur leur site. «Nous condamnons ces attaques sanglantes. L'Irak est devenu un lieu où les factions s'affrontent pour des raisons confessionnelles et personnelles, au service d'intérêts étrangers et au détriment des Irakiens», affirme ce Front, en référence à l'Iran. Il fait allusion aux tensions au sein de la vaste coalition chiite au pouvoir. M.Maliki veut créer un nouvelle alliance avec les sunnites alors que les autres factions entendent maintenir ce vaste front chiite. Le Front baâssiste exhorte «la communauté internationale, les organisations des droits de l'homme à intervenir pour faire cesser les crimes contre l'humanité».