Dure sera la rentrée scolaire pour les familles démunies. L'opération de distribution de trousseaux scolaires et des tabliers aux élèves issus de familles nécessiteuses débutera le 7 septembre prochain. C 'est, en tout cas, ce qu'a déclaré le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, Djamel Ould Abbès, jeudi dernier à Alger. Cette opération s'annonce, d'ores et déjà, avec un avant-goût de pagaille. La crainte de retards lors de l'accomplissement de cette louable initiative, comme cela fut le cas pour ces dernières années, se fait déjà ressentir. En effet, de plus en plus nombreuses, les familles nécessiteuses appréhendent cette période de rentrée scolaire. Une appréhension pour le moins amplement motivée. «Chaque année, on se voit obligés de faire le pied de grue devant les APC durant des heures interminables pour recevoir cette modeste aide de l'Etat. Toute honte bue, des bagarres éclatent entre bénéficiaires», s'est indigné Ammi Ali, maçon de son état et inscrit sur la liste des bénéficiaires de trousseaux scolaires, car ayant à sa charge quatre enfants scolarisés dans le cycle primaire. Poussant l'indignation plus loin, ce citoyen a tenu à faire part de sa honte et de son chagrin: «Face au plaisir que nous procure une telle opération de charité, il y a la honte d'être désigné du doigt comme le pauvre du quartier. Pour cela, on souhaiterait que la distribution des articles scolaires se fasse dans les délais fixés par le ministre, mais, également, dans la discrétion, ce qui préserverait notre dignité et notre amour-propre». Souhait légitime, au demeurant, sachant que la «société algérienne est une société matérialiste donnant une grande importance aux apparences», selon les dires de Krimo, gérant d'un magasin d'articles scolaires. Ainsi, si cette fameuse rentrée scolaire rime avec retrouvailles et labeur dans la tête des tout-petits, elle est surtout source d'angoisse et de préoccupations pour les parents d'élèves nécessiteux. Déjà fortement éprouvés par le Ramadhan qui met leur porte-monnaie à rude épreuve, ils deviennent de plus en plus soucieux de trouver les moyens financiers et matériels pour ne pas priver leurs enfants de suivre les cours tout comme leurs camarades «dits» fortunés. C'est pourquoi, selon le ministre Ould Abbès, la distribution des affaires scolaires débutera le 7 septembre, ce qui permettra à un grand nombre de parents qui ont des enfants scolarisés et qui sont dans le besoin, à savoir dans les zones rurales et les quartiers défavorisés et oubliés, de voir leurs soucis allégés. En effet, un cartable avec quelques cahiers, stylos et feutres et un tablier seront distribués à chaque enfant dont les parents ne pourront pas satisfaire la liste très longue des articles scolaires exigés par les enseignants. Mais est-ce que cela suffira à couvrir les besoins de l'élève durant toute l'année? L'autre problème soulevé par de nombreux parents bénéficiaires de ces trousseaux, est l'insuffisance des articles offerts à couvrir tous les besoins d'une longue année scolaire. Selon Sabiha, femme de ménage ayant bénéficié du trousseau scolaire accordé par l'Etat: «Cette aide n'a pas suffi à satisfaire les besoins de mes enfants pour toute l'année. A partir du deuxième trimestre, j'ai dû débourser beaucoup d'argent pour que mes enfants puissent terminer leur année scolaire.» Pour ces nombreuses familles, dure sera la rentrée scolaire.