Le président estime que l'Afghanistan et son voisin pakistanais sont au coeur de la lutte contre Al Qaîda, beaucoup plus que l'Irak La stratégie du président américain Barack Obama pour gagner en Afghanistan est de plus en plus contestée aux Etats-Unis, et au sein même de son propre parti démocrate, alors que l'opinion publique est désormais majoritairement contre la guerre. M.Obama pourrait être rapidement amené à se prononcer sur l'envoi de renforts en Afghanistan, bien qu'il ait déjà dépêché 21.000 soldats supplémentaires sur le terrain depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier. Le président estime que l'Afghanistan et son voisin pakistanais sont au coeur de la lutte contre Al Qaîda, beaucoup plus que l'Irak, champ de bataille privilégié par son prédécesseur George W.Bush. Son nouveau commandant pour l'Afghanistan, le général Stanley McChrystal, devrait demander des troupes supplémentaires dans les toutes prochaines semaines. Mais cette requête risque d'avoir du mal à passer auprès des Américains, qui, selon les sondages, se prononcent désormais à une courte majorité contre la présence de leurs soldats en Afghanistan. Seuls un quart d'entre eux seraient favorables à l'envoi de nouveaux renforts, selon les enquêtes d'opinion, qui révèlent aussi une chute de la popularité du président Obama, déjà aux prises au Congrès avec les difficiles dossiers du changement climatique et de la réforme de l'assurance maladie. Lundi, un sénateur, démocrate comme M.Obama, a demandé pour la première fois une date de retrait d'Afghanistan. «Il est temps de commencer à débattre d'un calendrier flexible pour que les gens en Amérique, en Afghanistan et dans le reste du monde voient que nous avons l'intention de retirer nos troupes», a déclaré le sénateur Russell Feingold au quotidien Appleton Post-Crescent. «Après huit ans (d'engagement américain), je ne suis pas convaincu qu'envoyer toujours plus de troupes en Afghanistan soit une stratégie bien pensée», a déclaré le sénateur, disant craindre que les renforts envoyés à Kaboul ne fassent qu'accentuer la pression des taliban au Pakistan. M.Feingold a assuré qu'un retrait de l'armée américaine ne signifierait pas que les Etats-Unis se priveraient de s'en prendre aux positions d'Al Qaîda dans ce pays. Son collègue Bob Casey, également démocrate, a déclaré lundi avoir dit au président afghan Hamid Karzai que «les Américains voulaient voir des progrès sur le terrain et que leur patience n'est pas illimitée». Selon les médias américains, le général McChrystal envisage trois options: une à «haut risque», consistant à ne demander que 15.000 soldats supplémentaires, une «à moyen risque» prévoyant l'ajout de 25.000 troupes et une «à faible risque» prévoyant l'envoi de 45.000 hommes en plus. Une méthode risquée, selon le sénateur républicain John McCain, qui a dit dimanche craindre que le Congrès n'accorde pas le nombre de troupes nécessaires sur le terrain sous la pression de l'opinion publique, échaudée par six ans de guerre impopulaire en Irak et des pertes humaines en hausse en Afghanistan. Selon lui, le général McChrystal subit «de fortes pressions» au sein de l'administration pour réduire ses demandes de renfort. Or, «nous devons savoir exactement de quelles ressources il a besoin», puis laisser le Congrès en débattre avant l'ultime décision du président, a estimé l'ancien adversaire de M.Obama à la présidentielle.