Quelque 60 hectares de chêne-liège ont été, deux jours durant, la proie des flammes. La forêt de Tikjda, sur les hauteurs du Djurdjura, versant sud de Bouira, est en proie à un incendie visible de loin. La lutte pour la maîtrise de ce sinistre enregistré depuis hier dans une forêt peuplée essentiellement de pins et de cèdres, s'est poursuivie tard dans la nuit de mardi. Selon le directeur de la Protection civile, quelque 60 hectares d'arbres, de chênes-lièges, ont été la proie des flammes, assurant que les cédraies n'ont pas été touchées par le feu. Environ 227 agents de la colonne mobile des services des forêts et de la Protection civile sont sur place pour venir à bout du sinistre. Ce qui explique la chaleur de ce mardi. L'odeur de brûlé est parvenue jusqu'au chef-lieu de wilaya. Une épaisse colonne de fumée s'élève au-dessus du flanc sud du Djurdjura. Sur les lieux, la chaleur est suffocante. Plus nous montons, plus le mercure grimpe. A la sortie d'un virage, surprise. Des gardes-forestiers livrent une bataille sans merci contre les flammes. «Kada», de son vrai nom Abdelkader Hachani, un contractuel qui a l'habitude de tailler les arbres en ville, la lance entre les mains, fonce sur les flammes. Gardant son humour, il se tourne vers nous et lance: «Tzagat ya Amou...(ça chauffe tonton)» Le passage est libre, mais il faut faire attention. «Circulez à gauche lentement», nous conseille le chef de la brigade des forêts. Tout au long de la route menant vers le complexe sportif (Cnlst) et l'auberge, les véhicules de la Protection civile de Bouira, ceux de la colonne mobile et ceux des services des forêts sont sur l'accotement. Les lances sont partout. La route est couverte d'une couche noire de suie qui, associée à l'eau, colle aux chaussures. Les soldats du feu esquissent quelques regards vers nous. La fatigue et le jeûne se lisent sur leurs visages, mais n'atténuent en rien la volonté des sapeurs qui venaient de sortir d'une manoeuvre organisée par la direction au niveau des installations Naftal de Bouira. Plus haut, vers l'hôtel et le chalet du Kef, il y avait foule, les efforts de lutte sont des plus intenses. Le directeur de wilaya de la Protection civile, le commandant Moulaï Khelifa, est aux commandes sur la ligne de front. Il ordonne, aide, conseille... Les gars de la Télévision que nous avons rencontrés sur place veulent un enregistrement. Le commandant Moulaï, une paire de jumelles dans une main et un mégaphone dans l'autre, indique: «Dès le début de l'incendie, le lundi à 19h25, toutes nos unités ont été mises en alerte et se sont dirigées sur les lieux. Trois foyers distincts sont circonscrits. Le plan Orsec a été déclenché.» La priorité ira à la sauvegarde d'une flore caractérisée par 690 espèces végétales, identifiées par le Parc national et classées au patrimoine biosphère mondial. Mais le gros de l'effort dans l'intervention est allé autour des hôtels de Tikjda et la cédraie d'Izzermouren. Concernant l'origine du sinistre, aucune piste n'est privilégiée. Seule une enquête approfondie déterminera les causes. Les moyens réquisitionnés sont énormes: 227 hommes, 9 camions citernes, 12 véhicules de la colonne mobile, 14 véhicules des services des forêts et les gardiens du Parc du Djurdjura. «A l'heure où je vous parle (17h mardi) nous maîtrisons totalement la situation sur ce foyer. Si les conditions météo restent à l'état actuel, nous éteindrons le sinistre sans problème. Pour le foyer qui est de l'autre côté de la montagne, il n'existe aucun accès. Les personnels du Parc national du Djurdjura se sont déplacés à pied pour tenter d'estimer l'ampleur des dégâts et éventuellement trouver un passage pour acheminer les moyens de lutte. Le feu a déjà détruit une cinquantaine d'hectares...», nous déclare le chargé de communication. La situation est à l'optimisme puisque la seule espèce touchée reste le pin vert. Précisons qu'un incendie plus dévastateur a touché cette partie du Parc national du Djurdjura en 1998. L'incendie d'origine criminelle avait détruit des cèdres et des pins d'Alep centenaires.