Par ce «3 en 1», le Ramadhan, l'Aïd et enfin la rentrée scolaire, les bourses des ménages en prennent un coup et subissent une «cure d'amaigrissement». Ce ne sont sûrement pas les 500.000 tabliers et autant de trousseaux scolaires promis par Djamel Ould Abbès aux familles démunies qui éviteront aux Algériens de se ruiner pour faire face à leurs obligations. Beaucoup prendront d'assaut les vendeurs à la sauvette et les magasins de vêtements en cette veille de rentrée scolaire où l'on s'arrache toutes sortes de vêtements. Une rentrée qui se fera non sans douleur, générée par les affres du mois de Ramadhan et ses dépenses. Mais c'est loin d'être fini pour autant puisque les petits ménages laminés par tant de dépenses, remettront la main à la poche, une semaine plus tard, pour faire face aux exigences de lAïd el Fitr. Après les plaisirs de la bonne table qu'exige le mois de jeûne, ce sont les habits neufs qu'impose toute rentrée scolaire. Mais comme il n'y a jamais deux sans trois, les gâteaux de l'Aïd finiront bien par trôner glorieusement au détriment de la petite bourse qui ne cesse de s'épuiser. Pour beaucoup de responsables de famille, l'endettement est inévitable. Pour cette mère de famille, le 13 septembre rime surtout avec une grosse dépense dont elle pourrait se passer en ces temps de vache maigre. Depuis la disparition de son mari, mort dans un accident de la circulation, elle a, surtout, perdu sa quiétude et ne doit son salut qu'à son travail. Elle est femme de ménage et elle est loin d'être riche comme Crésus avec ce qu'elle gagne et ne comble à peine que les besoins et charges de la maison. Mais, elle doit faire face aux exigences de ses trois enfants qu'elle ne souhaite surtout pas frustrer. L'aîné a 17 ans, la cadette 12 ans et le tout petit a 5 ans et va faire sa première rentrée scolaire, un événement qui fait glapir de joie le bambin. A eux trois, il a fallu près de vingt mille dinars pour s'habiller cela sans compter le cartable et autre trousseau scolaire. Madjid, lui, est commerçant, ses deux filles de 12 et de 8 ans et son garçon de cinq ans lui ont coûté près de 16.000 DA. Avec son salaire unique et son commerce qui va cahin-caha, l'épuisement est vite ressenti, mais il se refuse d'abdiquer face à ses enfants et à acheter quoi que ce soit pour l'Aïd, projet que caressaient pourtant les trois enfants. Un autre cas, celui de cette maman qui doit habiller son fils adolescent qui passera son bac cette année. Son moral doit donc être bien «dopé» et pour ce faire il est nécessaire qu'il soit vêtu de façon sport et «in» pour le fun qu'exige son âge. Ses baskets coûtent à elles seules quelque 3500 dinars. La suite de sa tenue ne doit pas être en deçà des 10.000 dinars. Heureusement pour lui sa maman est cadre supérieur et ne serait pas affectée par cette dépense qui ressemble à une folie. Bien d'autres familles sont dans la même situation et doivent faire des acrobaties pour parvenir à joindre les deux bouts et gérer ces dépenses incompressibles. Une tournée à travers les rues d'Alger nous renseigne sur la situation. Les avenues sont bondées, les magasins d'habillement sont pris d'assaut, la rentrée est à nos portes. Le 13 septembre, c'est dans quelques jours, il ne faut pas laisser traîner les choses. C'est surtout le soir après le ftour que s'emplissent les rues de la capitale d'une foule dense et dont le seul objectif semble être les vitrines et les boutiques de vêtements pour enfants. Les magasins, eux s'y sont bien préparés et achalandent une multitude de marchandises, alléchantes pour les enfants. Le pantalon varie entre 1500 dinars et 2000 DA, voire plus selon l'âge et la taille. Un simple tee-shirt coûte pas moins de 1400 DA, alors que de simples chaussures se paient entre 1800 et 2400 DA. Les tabliers différent, il y a ceux à 700 DA et ceux à 1500 DA. Un vrai casse-tête chinois. La qualité du produit importe peu, de Chine ou de Turquie, il faut surtout trouver la bonne affaire. Les prix détermineront la qualité et les vendeurs instaurent leur diktat! Pour certains pères de famille, le recours à la friperie semble être une échappatoire, au diable donc la fierté! il est surtout question de faire son devoir, comme tout le monde. D'ailleurs, en s'adressant à ce genre de boutiques on est sûr de faire ses achats pour deux ou trois mille dinars, la griffe parfois en sus. Les dernières exigences du ministère de l'Enseignement sont parfois embarrassantes, mais il va falloir s'y plier. Tablier blanc donc pour les garçons et rose pour les filles. Un autre caprice de décideurs qui ne s'accommodent guère avec la crise que vit le citoyen. A leur tour, les libraires et autres commerçants en papeterie fourbent leurs armes en lorgnant les portefeuilles quasi vides des parents qui font la farandole autour des rayons d'articles scolaires. Les livres scolaires, eux, peuvent attendre. Ce n'est juste qu'un répit de quelques jours avant l'affichage des listes de ces outils pédagogique. Leurs prix donnent le tournis mais restent inévitables si bien sûr ils sont disponibles.