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La burqa divise la Belgique
ALORS QUE SON PORT EST INTERDIT PAR LA LOI
Publié dans L'Expression le 08 - 09 - 2009

«On ne peut pas accepter sans réagir que des femmes soient asservies dans notre société.»
En Belgique, le port de la burqa dans les lieux publics est interdit, du moins théoriquement, dans de nombreuses communes belges, par des règlements de police locale (zonale). Une proposition de loi dans ce sens, déposée le 21 février 2005 à la Chambre des représentants par le chevalier François-Xavier de Donnéa (député du Mouvement réformateur), n'a pas recueilli l'approbation de cette assemblée.
Les conseils d'au moins deux zones de police locale, Bruxelles-Ouest regroupant les communes de Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Koekelberg, Jette, Molenbeek et Maaseik, ont adopté des règlements généraux de police interdisant à quiconque «de se présenter dans l'espace public masqué ou déguisé», sauf autorisation expresse du bourgmestre.
Quiconque enfreint ce règlement à Bruxelles-Ouest «sera puni d'une amende administrative de 150 euros». En mai 2008, une étude universitaire a révélé que 33 procès-verbaux avaient déjà été dressés dans des zones de police bruxelloises pour cette infraction, à Molenbeek, Koekelberg, Saint-Gilles et Bruxelles. Pour Jan Creemers, bourgmestre de Maaseik, c'est une décision importante. Il avait annoncé l'interdiction du port de la burqa en octobre 2004 à Maaseik, une annonce qui intervenait après l'arrestation dans la même commune de quatre individus dans le cadre d'une enquête sur des réseaux terroristes. Deux des épouses de ces quatre hommes, trois Marocaines et une Belge, portaient la burqa afghane et deux étaient vêtues d'un tchador. Pour les Belges, il est nécessaire de mettre un coup d'arrêt à l'offensive politico-religieuse qui cherche à imposer sa présence, de plus en plus visible et par là, trouver une légitimité, à l'ensemble de la société européenne. Ses leaders exigent, tous les jours, par petits pas, des «accommodements raisonnables» et militent ouvertement pour que la loi religieuse (chariâ) se substitue, pour les musulmans, aux lois de la République. Cette offensive a également lieu dans de nombreux pays européens. Le port de la burqa est avant tout une dérive intégriste qu'il faut combattre «On ne peut pas accepter sans réagir que des femmes soient asservies dans notre société.» L'affaire rappelle la polémique suscitée en France par la burqa, à propos de laquelle le président Nicolas Sarkozy avait affirmé, en juin dernier, qu'elle n'était pas la bienvenue dans l'Hexagone. La burqa est, à l'origine un vêtement traditionnel lié à la pratique de l'Islam en Afghanistan. Son obligation l'a rendue célèbre, devenant alors le symbole le plus éclatant du talibanisme. Selon les spécialistes de l'Islam, la burqa est une invention récente du mouvement intégriste salafiste dans les pays du Golfe et au Pakistan.
Avec ce vêtement qui ne date que d'une vingtaine d'années, l'enfermement de la femme est plus total qu'avec un niqab puisqu'il s'accompagne de gants pour cacher les mains et que même les pieds sont dissimulés. On peut être contre le port de la burqa sur le plan idéologique, pour diverses raisons, mais aussi contre son interdiction sur le plan des libertés fondamentales.
Or le débat idéologique, qui reste ouvert, risque bien d'être l'occasion de sacrifier des libertés fondamentales chèrement acquises.
Que la burqa soit portée par habitude, par contrainte sociale ou encore par conviction, cela ne fait pas grande différence: l'interdire, c'est en fin de compte adopter le langage de ceux que l'on entend combattre.


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