Le texte visera une interdiction générale et pas seulement dans les services publics. Le gouvernement français va présenter en mai un projet de loi visant l'interdiction générale du port du voile islamique intégral dans tout l'espace public, y compris dans la rue, malgré les réserves exprimées par la plus haute juridiction administrative française. Le texte visera une interdiction générale et pas seulement dans les services publics. Il sera présenté « dans le courant du mois de mai » car « le gouvernement souhaite aller vite », a annoncé hier son porte-parole, Luc Chatel, à l'issue du Conseil des ministres. Le président Nicolas Sarkozy a fixé deux principes, a dit M. Chatel. « L'interdiction du port du voile intégral doit être générale dans tout l'espace public, parce que la dignité de la femme ne se divise pas, tout doit être fait pour que nul ne se sente stigmatisé du fait de sa foi et de ses pratiques religieuses. » Le port du voile islamique intégral fait l'objet d'un débat dans le pays depuis des mois, une partie de l'opposition de gauche dénonçant une attitude ambiguë sur la place de l'Islam dans la société et un risque de stigmatisation des 5 à 6 millions de musulmans vivant en France. Le chef de l'Etat a fait cet arbitrage alors que fin mars, le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative française, avait prévenu qu'une interdiction générale du voile intégral pourrait être contestée, jugeant qu'« elle ne pourrait trouver aucun fondement juridique incontestable ». Une fois votée, la loi pourrait en effet risquer d'être bloquée au niveau du Conseil constitutionnel, chargé de veiller à la conformité des lois avec la Constitution. Le gouvernement est « prêt à prendre des risques juridiques » car « l'enjeu en vaut la chandelle », a déclaré le Premier ministre, François Fillon. Il s'agit de « ne pas laisser dériver le phénomène ». Sarkozy se dévoile « Nous légiférons à l'avenir le port du voile intégral qui est le signe d'un repli communautaire et d'un rejet de nos valeurs », a déclaré M. Chatel, soulignant qu'il était porté en France par quelque 2000 femmes. Une mission parlementaire avait recommandé le 26 janvier que la France se prononce solennellement via une résolution – non contraignante – contre le port du voile intégral et prenne des mesures pour le bannir des administrations, des hôpitaux et des transports publics. M. Fillon avait alors affirmé souhaiter un projet de loi prévoyant une « interdiction du voile intégral la plus large et la plus effective possible ». Le président Sarkozy a, à maintes reprises, déclaré que la burqa (tenue portée en Afghanistan qui cache entièrement le corps et dissimule le visage derrière un grillage de tissu) ou le niqab (qui ne laisse apparaître que la fente des yeux) n'étaient « pas bienvenus en France », les jugeant « contraires aux valeurs » de la France. Le patron du parti de la majorité (UMP), Xavier Bertrand, a estimé que le gouvernement avait fait « le meilleur choix ». « J'aime la loi, je n'aime pas l'interdiction générale », a pour sa part réagi le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye. L'interdiction du voile islamique intégral est à l'étude dans d'autres pays européens, comme les Pays-Bas ou la Belgique qui pourrait devenir le premier pays européen à l'interdire totalement, sauf dans la sphère privée. Les députés belges ont voté fin mars en commission une proposition allant dans ce sens et pourraient l'adopter en plénière dès aujourd'hui.