Il prononce d'un ton solennel et moralisateur un prêche à l'occasion du Mawlid Ennabaoui Echarrif, alors qu'il n'a pas encore cinq ans. C'est la voix posée, mélodieuse et intelligible que l'»enfant miracle» ou l'»enfant imam», comme d'aucuns aimeraient l'appeler, a su charmer les coeurs et les esprits de ses auditeurs et captiver toute leur attention en récitant d'une voix de rossignol les versets du Saint Coran dont il apprend par coeur le quart. Orateur persuasif, éloquent et agréable, Chachi Mohamed Islam, ce bourgeon de sept ans né à Aflou (110 km au nord de Laghouat), amalgame habilement savoir et bon sens dans ses prêches souvent improvisés, si bien qu'il pourrait prétendre soutenir une controverse poétique et même raconter la biographie des grands penseurs et oulémas arabes. Notre «jeune imam», élève en deuxième année primaire et issu d'une famille composée des parents et de trois enfants, apprend par coeur 15 parties (Hîzb) du Coran et jouit d'une haute culture religieuse et littéraire, fruit d'une éducation solide et minutieuse. Tout a commencé à l'âge de 4 ans, lorsque le père de Mohamed Islam tente de lui inculquer une prononciation correcte et stimuler sa mémoire. Sa mère, elle, se charge de lui apprendre les premières sourates du Coran et un nombre assez important de hadiths sans pour autant faire appel aux garderies ou aux écoles coraniques. Il participe pour la première fois à un concours local de récitation du Coran et se positionne parmi les dix premiers lauréats. Il prononce d'un ton solennel et moralisateur un prêche à l'occasion du Mawlid Ennabaoui Echarrif, alors qu'il n'a pas encore cinq ans. Initié à la rhétorique, l'«Enfant imam» enchaîne prêches et discours et acquiert une parfaite connaissance des rimes et procédés de langage utilisés en poésie. Il apprend alors son premier poème, une oeuvre d'Abou Ishaq Al Albiri Al Andalussi dans laquelle il exhorte son fils à la vertu et aux bonnes moeurs. Ce fut, ensuite, au tour des poèmes d'Al Asmaî, Achafeî et Ahmed Chawki. Enfant talentueux, Mohamed a vite montré un vif intérêt pour le Malhoune (poésie populaire) dont il a tenu à déchiffrer les significations et la terminologie en se référant aux éminents poètes de sa région, à l'instar de Khatir Ben Sayeh et Youcef Kerai. Conciliant le langage corporel et le mot propre, l'enfant prodige anime avec brio des cercles religieux (halakate) où il prêche la foi et la vertu et raconte la biographie d'éminents oulémas à l'image du penseur Malek Bennabi et de l'imam Ibn Badis, dont il a fait ses idoles. C'est ainsi que «l'enfant miracle» a pu se faire réserver une place de choix dans les conférences intellectuelles, à l'instar de la «khaïma ouverte sur la poésie et le patrimoine populaire», organisée à l'occasion de la manifestation «Al-Qods, capitale de la culture arabe», ou encore du séminaire «La Nation musulmane: entre défis de l'ère et impératifs de victoire» à l'Université de Laghouat sans compter son passage à l'émission «Les Chevaliers du Coran» diffusée par la télévision nationale. Animateur d'émissions radiophoniques à la radio de Laghouat et d'Al-Bayadh, membre fondateur d'une association locale intéressée par la poésie populaire et membre du club Al Khallil Ben Ahmed Al Farahidi à l'université de Laghouat, Mohamed Islam, ce bourgeon qui éclate, compte bien répandre son odeur suave sur les sentiers de la vertu.