Ce geste est significatif, mais «on ne cache pas le soleil avec un tamis», dit l'adage. Bonne nouvelle pour les retraités: les pensions du mois de septembre seront payées «par anticipation». Dans un communiqué rendu public jeudi dernier, la Caisse nationale des retraites (CNR) a indiqué: «En prévision de la célébration de la fête de l'Aïd El Fitr, la Caisse nationale des retraites a le plaisir de porter à la connaissance de l'ensemble des retraités que l'échéance du mois de septembre 2009 sera payée par anticipation.» Ainsi, ceux qui sont payés le 20 septembre recevront leurs pensions huit jours avant, c'est-à-dire le 12 du même mois. Pour l'échéance du 22 septembre, celle-ci sera avancée de neuf jours. Autant dire que les personnes faisant partie de cette catégorie auront l'agréable surprise d'être payées le 13 septembre. Idem pour celles qui le sont habituellement, le 24. Ces dernières prendront leur pension le 14 septembre. Enfin, l'échéance du 26 sera perçue à la mi-septembre. Donc, toutes les échéances seront honorées durant la deuxième semaine du mois d'une rentrée financièrement difficile. Sociale, cette mesure l'est à plus d'un titre. Surtout qu'elle intervient à une période qui a mis à rude épreuve les bourses moyennes. Jugez-en: la rentrée sociale de cette année coïncide avec le mois de Ramadhan et l'Aïd El Fitr. Autrement dit, les dépenses, habituellement élevées, seront multipliées au gré des spéculateurs. En effet, ces derniers s'en donneront à coeur joie. Pour cette année, il faut dire que les manipulateurs des prix auront trois occasions «en or» de faire grimper leurs bénéfices. Le phénomène a déjà commencé quelques jours avant le Ramadhan. En effet, les produits alimentaires ont connu une hausse vertigineuse. Plus que cela, la réalité du terrain a montré que les autorités n'ont aucune maîtrise du marché. Aux premiers jours du mois sacré, le ministère de l'Agriculture a promis une stabilisation du marché par le biais du système appelé Syrpalac, mais la réalité du terrain a mis le doigt sur une plaie: l'incapacité du staff gouvernemental à maîtriser le marché des produits agricoles de large consommation. Rappelons-nous, lors du Conseil des ministres tenu le 26 août dernier, le président de la République avait déclaré sans ambages: «J'entends qu'aucune règle de liberté du commerce ne soit invoquée à l'avenir pour justifier la limitation des capacités de l'Etat à imposer des pratiques commerciales loyales et à réprimer les spéculations qui nuisent aux citoyens. Les moyens requis seront mis à la disposition des services de contrôle commercial, mais ces derniers devront assumer leur responsabilité entière et reprendre la situation en main.» Hélas! nous abordons la dernière décade du mois de jeûne et les produits sont, à ce jour, affichés à des prix prohibitifs. Que s'est-il passé depuis les recommandations du chef de l'Etat? Rien ou presque. Les prix des fruits, légumes et viandes n'ont point fléchi. Pourtant, ce n'est pas la production qui a manqué. Les produits agricoles existent en abondance sur tous les étals. Ce qui a manqué réellement, c'est l'intervention dissuasive des agents de contrôle des prix. Ces jours-ci, nous sommes à la veille de la rentrée scolaire et à quelques encablures de l'Aïd El Fitr. Il va sans dire que les spéculateurs mettront, à nouveau, le feu aux prix des articles scolaires et produits alimentaires. Cela illustre bien le contexte dans lequel la CNR a pris la décision d'anticiper les échéances du mois de septembre pour les retraités. Pour rappel, près de deux millions de retraités ont touché un rappel de quatre mois de leurs pensions respectives. Ces mêmes personnes ont bénéficié aussi d'une augmentation de 5%. Il est vrai que de telles mesures atténueront un tant soit peu les difficultés financières auxquelles feront, inévitablement face, les retraités durant les jours à venir. Cependant, il est nécessaire de rappeler toute la lourdeur bureaucratique qui pèse sur les démarches pour l'obtention des pensions pour les nouveaux retraités. Des centaines de personnes ont eu à vérifier cette triste réalité à leurs dépens. En témoigne Mme D. I., retraitée de la Fonction publique: «Cela fait six mois que j'attends de percevoir ma retraite.» Avis aux autorités concernées.