Trois millions de mines sont toujours disséminées dans les régions frontalières, menaçant ainsi la vie des populations. 6168. Tel est le nombre des mines découvertes et détruites par l'Armée nationale populaire (ANP) le long des frontières est et ouest du pays durant le seul mois d'août dernier. En effet, datant de l'époque coloniale et considérées comme les restes explosifs de la France, ces mines qui ont été détruites étaient implantées dans les régions frontalières de l'est et de l'ouest. Ainsi, il a été fait état de la destruction de 1436 mines antipersonnel et de 1126 mines antigroupe et ce, au niveau de la 2e Région militaire (ouest) à elle seule. Pour ce qui est de la 3e Région militaire (sud-ouest à Bechar), 438 mines antipersonnel ont été détruites. Quant à la 5e Région militaire (est), elle a enregistré la découverte puis la destruction de 3005 mines antipersonnel, 63 mines antigroupe et 100 mines éclairantes. De ce fait, le nombre total des mines terrestres de différentes sortes ayant été détruites par les unités de l'Armée algérienne à la date du 31 août s'élèverait à 410.666 mines. La dominance était pour les mines antipersonnel avec la destruction de 346.111 mines de ce genre. Ces dernières étaient disséminées par l'armée française durant la guerre de Libération le long des frontières est et ouest. Elles étaient spécialement destinées à empêcher les infiltrations, à l'époque, des combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) depuis le Maroc et la Tunisie. Suivent les mines antigroupe avec 62.527 destructions et enfin les mines éclairantes avec 2028 objets détruits. En fait, ces destructions s'inscrivent dans le cadre d'une opération de déminage dans les zones ayant été minées par l'armée coloniale durant la guerre d'Algérie qui s'est étalée de 1954 jusqu'à 1962. Dans ce contexte, il est à noter que sur les onze millions de mines antipersonnel posées par l'armée française entre 1956 et 1959, trois millions sont encore enfouies sous terre le long des 460 km de frontières avec la Tunisie et les 700 km de frontières avec le Maroc. Ces mines, implantées, il y a plus de cinquante ans, continuent de faire des morts et des blessés par milliers parmi des civils innocents des régions limitrophes et en particulier les enfants et les bergers. Rappelons, par ailleurs, qu'au mois d'octobre 2007 les plans de pose des mines le long des lignes Challe et Morice ont été remis à l'Algérie par le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des forces armées françaises. Cette démarche a été perçue comme une volonté des autorités françaises de mettre un terme aux obstacles hérités du passé, mais surtout pour «déminer» les relation algéro-françaises. Dire qu'il a fallu plus de quatre décennies après l'Indépendance de l'Algérie, et des milliers de vie perdues estimées à plus de 40.000, pour mettre à jour la cartographie de ce «legs de la mort». Cependant, la remise de ces plans est considérée par les observateurs de la scène politique comme un geste incomplet, d'autant plus que les autorités françaises n'ont jamais proposé d'aider l'Algérie à «nettoyer son sol». C'est pourquoi, et depuis 1962, l'Armée algérienne a entamé des opérations d'envergure difficiles et coûteuses afin de nettoyer les régions infestées par les terribles mines. Résultat: destruction de huit millions de mines antipersonnel et le nettoyage de 50 000 hectares de terres. L'Algérie, quant à elle, n'a jamais cessé d'alerter l'opinion internationale sur l'urgence d'éliminer ces engins meurtriers, et cela bien avant sa ratification de la Convention d'Ottawa, en décembre 2000.