Dans le mois de Ramadhân, la nuit du 26 au 27 est sacrée chez le Musulmans. Des lectures diverses et pertinentes que nous abordons en toute simplicité - encore que l'événement caractérise un absolu spirituel très important et donc très sensible -, nous donnent encore aujourd'hui de La Nuit du Destin sa sublime quintessence religieuse qui est paix, justice, solidarité, tolérance. Cette nuit de haute spiritualité, puisqu'elle tient une place remarquable dans l'histoire de la Révélation coranique, se nomme Laïlat El Qadr (la Nuit du Destin [qui règle, dispose, ordonne les événements de l'existence humaine], de la Destinée [ce qui résulte de la suite de ces événements], de la Puissance, du Mérite, des «Arrêts immuables» ou du «Décret divin»). Elle est attestée par la sourate xcvii, intitulée El Qadr, du Saint Coran. En effet, à la suite de l'immuable Bismallah, formule invocatrice du nom de Dieu, on lit: «Nous l'avons fait descendre (Le Coran) pendant la Nuit d'El Qadr; Et qu'est-ce qui t'apprendra ce qu'est la Nuit d'El Qadr? La Nuit d'El Qadr est meilleure que mille mois; Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que les Esprits, avec la permission de leur Seigneur, chargés de tout ordre; Paix elle est, jusqu'au lever de l'Aube.» Mon propos n'est pas celui d'un exégète - qualification que je n'ai pas -, je voudrais simplement essayer de rapporter ici brièvement quelques points marquants autorisés du sens de cette Nuit, Laïlat El Qadr, qui «vaut mille mois», tout en invitant le commun, pour mieux en connaître le sens et l'histoire, à consulter Ahl El ‘Ilm, les Gens du Savoir. Située vers la fin du mois sacré de Ramadhân, cette Nuit qui comptabilise en quelque sorte les preuves de piété du Musulman, incite le croyant à manifester davantage de fortitude dans la pratique de leur foi. Durant cette Nuit, les bonnes actions accomplies (la prière, la récitation du Coran, les invocations nocturnes, les aumônes, toutes sortes d'initiatives en vue de Dieu) valent mieux que ces mêmes actions qui auraient été accomplies pendant mille mois sans qu'aucun de ces mois ne comporte cette Nuit de la Destinée. De nombreux ahâdîtes du Prophète (Qsssl) explicitent et l'histoire et le sens de Laïlat El Qadr. Aïcha (Que Dieu soit satisfait d'elle), affirme que son époux, le Prophète Mohammed (Qsssl), a dit: «Cherchez la Nuit du Destin dans les dix dernières nuits de Ramadhân.» Certains ahâdîtes précisent que la Nuit du Destin survient au cours d'une des nuits impaires, c'est-à-dire la Nuit dont le lendemain correspond au 21, 23, 25, 27 ou 29 de Ramadhân. Cependant, la Tradition, suivant l'opinion des savants de l'Islâm, célèbre l'événement dans la nuit du 26 au 27 Ramadhân. D'autre part, selon un propos rapporté par Mouslim, un compagnon du Prophète (Qsssl), nommé Oubay ibn Ka'ab, a déclaré sous la foi du serment: «Connaître cette Nuit. C'est la Nuit dont l'Envoyé de Dieu nous a ordonné de prier. Elle est la vingt-septième nuit. Son signe est que le soleil se lève le matin brillant sans rayons.» Enfin, plusieurs opinions s'accordent pour dire que la Nuit du Destin se situe dans la dernière décade du mois de Ramadhân, et par conséquent le Musulman doit redoubler de ferveur pour avoir le bonheur de «vivre la Nuit du Destin» au cours de laquelle, son ardeur dans la quête du divin sera récompensée. Un hadîth, relevé dans le Çahîh (l'Authentique) d'El Boukhâri, confirme les prescriptions contenues dans l'ensemble des ahâdîtes recommandant l'observation pieuse de la Nuit du Destin: «À celui qui jeûne en Ramadhân avec foi et en comptant sur une rétribution divine, on lui pardonnera ses fautes passées. À celui qui sera levé (pour faire la Prière) la Nuit du Destin, avec foi et en comptant sur une rétribution divine, on lui pardonnera ses fautes passées.» Cependant, si fortement que la Nuit du Destin puisse occuper la vie des fidèles, l'imagination populaire naïve développe aussi une croyance plutôt attendrissante. On dit que ce soir-là, rapportent les conteurs - et avec eux, M.Soualah dans son Cours complémentaire d'arabe parlé -, les anges et l'Esprit Saint (l'Archange Gabriel) descendent du ciel dans le monde, avec la permission de Dieu, pour régler toutes choses de l'année suivante. Dans l'espoir de bénéficier des miracles qui peuvent se produire pendant cette nuit, les fidèles veillent pour prier et former des voeux. On raconte à ce sujet qu'une jeune fille d'Alger avait été gratifiée de tous les charmes. Pourtant, ses cheveux ne poussaient guère, ce qui la désolait profondément. Elle décida, alors, de s'adresser à Laïlat El Qadr. Le 26 Ramadhân, au soir, quand toute la famille, après avoir fait ses dévotions, fut endormie, la jeune fille passa la tête par une lucarne et se mit à guetter le moment favorable. Au bout d'un instant, elle aperçut une lueur plus éblouissante que l'Aurore boréale. Emue et troublée, elle formula un voeu; mais au lieu de dire: «Ô Laïlat El Qadr, agrandit mes cheveux», elle s'exprima ainsi: «Ô Laïlat El Qadr, agrandit ma tête.» Son souhait fut exaucé; aussitôt son crâne prit des proportions démesurées et elle ne put rentrer dans la maison. Le lendemain, on fut obligé de démolir le mur pour délivrer la malheureuse. Cette histoire ne nécessitant pas de commentaire, je me fais le plaisir, aujourd'hui, en cette Nuit du Destin, de former le voeu d'une nouvelle Nuit bénie meilleure que celles des mille mois précédents en faveur de mes lecteurs tout en leur disant: «Çahha Ramadhânakoum et ‘Îd moubârak ‘alayna wa ‘alaykoum djam‘an.»