L´AUTHENTIQUE tradition musulmane est un ouvrage très important à côté du Qor´ân. Il s'agit évidemment du très estimé recueil de traditions musulmanes tenues pour authentiques par les savants religieux de l'Islâm: le Çahîh d'El Boukhârî. On sait, en effet, le haut degré de crédibilité des ahâdîth (les «dires» rapportés d'après le Prophète Mohammed [paix et bénédiction sur lui] établis par Aboû ‘Abdallah Mohammed ben Isma‘îl ben Ibrahîm ibn Al Moughîrah ibn Bardizbah, surnommé El Boukhârî en référence à sa ville natale. Il est né le 12 Chawwâl 194 (19 juillet 810) et est mort à Khateng, faubourg de Samarkand (ville d'Ouzbékistan, Asie centrale), le 29 Ramadhân 256 (31 août 870). Ce non-Arabe, dont la famille est d'origine persane, s'est découvert très jeune le goût de la recherche pour recueillir des ahâdîth. Après des études brillantes et, par bonheur, doué d'une mémoire exceptionnelle, à seize ans, il s'installe à Mekka pour encore s'instruire et continuer à recueillir des ahâdîth durant plusieurs années. Il poursuit cette recherche dans de nombreux autres pays musulmans pour apprendre et enseigner tout ce qui est relatif à la Tradition du Prophète. Puis, il finit par retourner dans sa ville natale où il met au point son recueil qui va lui assurer, à la fois, renommée et respect, dans l'Islâm, avec cette mention spéciale que sa recherche est considérée définitivement, eu égard à l'excellence des résultats finement analysés par l'ensemble des éminents docteurs de l'Islâm, comme Çahîh, c'est-à-dire «solide», «Authentique». A côté du recueil d'El Boukhârî, il faut assurément citer l'autre recueil «Authentique», celui de Mouslim (Aboû Al Houssayn Mouslim Ibn Al Hadjdjâdj Ibn Mouslim Al Qoushayrî An-Naysâboûrî), mort en 875. De fait, la communauté musulmane autorisée attribue dans la pratique le caractère d'authenticité à ces deux Recueils; on parle d'eç-Çahihaïn, les Deux Authentiques. La célébrité de ces deux ouvrages est telle, dans la science du hadîth, que les noms des deux savants, El Boukhârî et Mouslim, sont inséparables et que souvent leurs noms sont ensemble cités sous les ahâdîth. Cela dit, quatre autres recueils existent et jouissent d'une grande renommée: ceux de en-Nasâ‘î, Aboû Dâoûd, Ibn Madja et Tirmidhî. Voici, à titre d'exemples, quelques ahâdîth (plus ou moins de circonstance) tirés de l'Authentique d'El Boukhârî (Cf. El Bokhari, L'Authentique Tradition Musulmane, choix de h'adîths, traduits par G.-H. Bousquet, éd. Grasset, Paris, 1964, 347 p. Ceux qui ne lisent pas l'arabe y trouveront des échantillons de «dires» qui éclaireront la théologie, la morale, le rituel islamique, les institutions juridiques et sociales musulmanes): En fait d'oeuvres, il ne vous est imposé que ce dont vous êtes capables. Rendez les choses faciles et non pas ardues; apaisez, n'effarouchez pas. Ô vous qui croyez, ne déclarez pas religieusement interdites les bonnes choses, que Dieu a déclarées licites pour vous. Quiconque apporte à notre religion une nouveauté (bid‘a) qui n'en provient pas, celui-là est à repousser. Le Prophète (à lui bénédiction et salut) n'a pas mangé de pain blanc jusqu'à sa mort. Sois dans ce bas monde comme étranger, ou un passant. Celui qui préside à la Prière en assemblée (l'imâm) doit être bref, car il a derrière lui des gens faibles, malades ou âgés. Si celui qui passe devant l'orant savait quel péché il commet, il préfèrerait rester debout quarante [le râwî, le transmetteur, déclare ne pas savoir s'il s'agit de jours, mois ou ans], plutôt que de passer devant lui. Lorsque le (mois du jeûne) Ramadhân commence, les portes des cieux s'ouvrent, celles de l'Enfer se ferment et les démons sont enchaînés. Le Prophète (à lui bénédiction et salut) était le plus généreux des hommes, et cela plus encore en Ramadhân, lorsque l'Ange Gabriel venait le visiter. Celui qui ne renonce ni aux mensonges, ni aux pratiques qui y correspondent, Dieu n'a nul besoin qu'il renonce à la nourriture et à la boisson. Les fidèles ne cesseront pas d'être dans la bonne voie, dans la mesure où ils se hâteront (le moment venu) de rompre le jeûne. Que celui qui voudra trouver la Nuit du Destin la cherche donc dans les sept dernières nuits. Trois choses accompagnent le mort: deux reviennent, une seule reste avec lui. Ce qui l'accompagne, c'est sa famille, sa fortune et ses oeuvres; ce qui s'en retourne, c'est sa famille et sa fortune; mais ses oeuvres restent. Le meilleur Islâm consiste à donner à manger (à ceux qui ont faim) et à donner le salut à ceux que l'on connaît et aussi à ceux que l'on ne connaît pas. Aucun de vous ne devient véritablement croyant s'il ne désire pour son frère croyant ce qu'il désire pour lui-même. Chacun de vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau. Dieu ne sera pas compatissant envers celui qui ne se sera pas montré compatissant avec les hommes. Parmi les meilleurs d'entre vous, il y a celui qui l'emporte par l'excellence de son caractère. Chaque fois qu'un musulman plante un arbre ou sème une graine, il aura droit à une récompense céleste pour tout ce qu'un oiseau, un homme ou un quadrupède mangera de ce qui en sortira. L'économie est la moitié de la vie. Les neuf dixièmes de la fortune sont dans le commerce et le dixième restant dans l'élevage. Cultivez et multipliez les bêtes de labour, car l'agriculture est pour vous un bien béni. Dieu ne modifie pas ce qui est en un peuple, avant que celui-ci ait modifié ce qui est en lui-même. Les hommes sont égaux comme les dents du peigne; rien ne fait la différence entre un Arabe et un étranger, un Blanc et un Noir sauf la piété et la pratique d'une oeuvre utile. Dieu n'a rien créé qu'il aime mieux que l'émancipation des esclaves et rien qu'il haïsse plus que le divorce. Le pire de l'iniquité est mépriser son frère musulman. Tout ce qui appartient au Musulman est sacré pour le Musulman: son sang, son bien, son honneur. Ecoutez et obéissez, même si celui qui vous donne l'ordre de faire quelque chose est un serviteur (de Dieu) abyssin dont la tête est comme un raisin sec. Demandez la science dussiez-vous aller la chercher en Chine.