Dix voitures qui ont coûté au pays de fortes sommes en devises sont laissées à l'abandon. Une bien curieuse histoire. La voie ferrée reliant Blida à la wilaya de Médéa, un axe stratégique, participait à 60% au trafic des Hauts-Plateaux, mais demeure fermée depuis 1991. Notre enquête menée auprès de quelques cheminots a tôt fait de nous révéler un feuilleton de mauvais goût. En essayant de reconstituer les péripéties du rail, on finit par s'embrouiller dans des faits rocambolesques. D'abord, le projet d'élargissement de la voie Blida-Chiffa-Médéa moyennant une enveloppe globale de 13.054.000.09 DA (estimation de l'époque) a été, dit-on, engagé puis subitement stoppé. Les raisons? Il semblerait que les études techniques n'aient pas pris en considération l'élargissement de 15 ponts et 13 tunnels. En d'autres termes, le maître de l'ouvrage aurait tout bonnement «oublié» qu'entre Blida et Médéa existent les gorges de la Chiffa...! Ensuite, il y eut un autre projet qui devait, lui, voir le jour en 1994: celui de Boumedfaâ-Aïn Oussera en passant par Arib-Khemis Miliana et Ksar El-Boukhari, soit 151 km pour un coût se situant dans une fourchette de 69 à 126 millions de dinars, et dont la réalisation était prévue dans un délai ne dépassant pas les huit années. Ce projet connaîtra la même infortune. Douze années viennent de passer. Le personnel a été dispatché ou mis en retraite, les gares vidées et livrées tristement à la dégradation. Pour preuve, dix voitures qui ont coûté au pays de fortes sommes en devises sont laissées à l'abandon au niveau de la base-vie de Ksar El-Boukhari. A qui profite ce statu quo, d'autant que le gouvernement de M. Benflis s'est engagé à réhabiliter le transport ferroviaire? Economiquement porteur, l'axe Blida-Médéa-Djelfa, inauguré en 1889, a vu le convoyage d'importants tonnages et combustibles liquides, matériaux de construction et de forage, ainsi que de la production alfatière et du bois. Cela au même titre que le transport de voyageurs et le désenclavement des communes comme El-Hamdania, Benchicao, Zoubaïria, Moudjbeur, Boughzoul, sans compter les villages de la grande steppe qui commence à partir de Aïn Oussera. Une liquidation du transport ferroviaire ou une «dépriorisation»? Dans les deux cas, la situation interpelle impérativement les responsables concernés.