La salle Sierra Maestra a accueilli, vendredi soir le film de Ahmed Rachedi Benboulaïd, à l'occasion d'une projection spéciale organisée par l'APC de Sidi M'hamed. Plusieurs anciens moudjahidine ont assisté à la projection de ce film, projeté seulement deux fois à Alger. Parmi les invités on dénombrera plusieurs membres du comité exécutif du FLN, dont Belayat et Bouhadja, mais aussi des anciens révolutionnaires dont le commandant Azzedine. Après trois heures de projection, ce dernier a déclaré que Benboulaïd est un film qui doit exister. «Cela fait longtemps qu'on n'a pas fait de films sur la révolution, donc ce film doit être soutenu». Avant d'ajouter: «On n'a pas le droit de critiquer les films sur la révolution. Le jour où on fera de nombreux films sur la question on pourra éventuellement faire la différence et choisir le bon du mauvais.» Le commandant Azzedine sait de quoi il parle. Il a été le premier à oser présenter la réalité, parfois difficile, de la révolution et des luttes intestines pour la zaama, le leadership, en signant le scénario du film justement de Ahmed Rachedi et Maurice Fallevic C'était la guerre. Au-delà de l'événement lui-même qui avait réussi une nouvelle fois à rassembler les anciens révolutionnaires, les jeunes n'étaient pas assez nombreux pour assister à cette projection unique et gratuite organisée par l'APC de Sidi M'hmed, le film continue de susciter moult interrogations sur l'oeuvre et surtout le scénario. Un scénario écrit par le producteur Sadek Bekhrouche, qui a été sévèrement critiqué par les spécialistes et notamment par l'auteur et scénariste Yasmina Khadra, qui a déclaré que le scénario n'est pas à la hauteur de Benboulaïd et de son parcours historique. Même le Président Bouteflika avait critiqué le scénario lors d'une projection spéciale, demandant au producteur Sadek Bekhouche, de s'associer la prochaine fois à des historiens pour écrire une oeuvre sur le parcours de nos révolutionnaires. La critique visait notamment les conditions «toujours obscures» de la mort de Benboulaïd, tué par un poste radio piégé envoyé par les Français mais qui a été, selon certains témoignages ´´muets´´, le fruit d'un complot interne de moudjahidine rivaux à Benboulaïd. Dans la première version, présentée au Président Bouteflika et aux artistes, Sadek Bekhouche avait montré que le poste en question a été remis à Benboulaïd par un moudjahid rival qui voulait se débarrasser du chef des Aurès pour prendre son poste de commandement. Cette scène, où on montre le moudjahid s'éloigner du QG, quelques minutes avant l'explosion du poste et l'assassinat de Benboulaïd, a été finalement supprimée pour n'offrir qu'une seule version, celle d'une exécution fomentée par les Français. Néanmoins, le film présente, pour la première fois dans le cinéma algérien, la rivalité politique entre Messali Hadj et le FLN et celle militaire entre Benboulaïd et ses anciens compagnons, après sa sortie de prison. Cette réalité du terrain de la guerre de Libération qui existe déjà dans les livres et dans les témoignages parfois fracassants de certains anciens chefs historiques comme Ali Kafi ou le commandant Azzedine ou Youcef Khatib, n'existe pas encore ou totalement au cinéma ou à la télévision.