Peu à peu, Alger se réveille au cinéma en tentant de récupérer des salles longtemps laissées à l'abandon. Alors que la crise du logement bat son plein à Alger les deux plus riches mairies de la capitale se lancent dans une bataille acharnée pour l'acquisition des plus importantes salles de cinéma. En effet, le président de l'APC de Sidi M'hamed, Mokhtar Bourouina d'obédience FLN, et Tayeb Zitouni, président de l'APC d'Alger-Centre d'obédience RND, se disputent la gestion et l'exploitation des salles de cinéma. Au moment où l'APC d'Alger-Centre domine l'exploitation cinématographique dans le centre-ville grâce aux salles Algeria et ABC, voilà que Mokhtar Bourouina annonce la réouverture de la salle Sierra Maestra et la création d'un Epic Founoun, qui aura la charge de son animation et son exploitation. La salle Sierra Maestra a été baptisée par Che Guevara et Fidel Castro eux-mêmes dans les années 60. D'une capacité de 750 places, elle abrita également les meetings politiques et les conférences thématiques. La salle Sierra Maestra qui devait rouvrir ses portes, il y a plus d'une année, a été refaite suite à un avis défavorable de la Protection civile quant à la qualité des sièges installés jugés inflammables. L'APC de Sidi M'hamed a dû changer les sièges provoquant de nouvelles dépenses inutiles pour l'administration de la mairie. A côté de cela, l'APC de Sidi M'hamed va bientôt finaliser la restauration de la salle Afrique, considérée comme la plus grande d'Alger après la salle Atlas de Bab El Oued, et qui a une capacité de 1500 places. Une restauration qui aurait coûté à la mairie plus de 160 millions de dinars. Alors que la restauration de la salle Sierra Maestra a coûté 100 millions de dinars. Une dépense qui aurait surtout servi à l'achat de nouveaux projecteurs 35 mm importés d'Inde comme la réhabilitation et l'habillage du décor des salles. Après la restauration, l'APC de Sidi M'hamed va se concentrer sur la gestion de ces salles. Elle vient d'ailleurs de faire un appel d'offres aux différents distributeurs de films 35mm pour l'acquisition de films nouveaux. Ceci intervient au moment où certains distributeurs dénoncent le monopole et la mauvaise gestion de l'Opca d'Alger-Centre, qui prend une marge importante sur l'exploitation des films et qui n'offre pas en échange un bon service à la clientèle et n'entretient pas la salle et les cabines de projection. Cette situation de mauvaise gestion a conduit certains distributeurs à proposer leurs services à la salle Cosmos, qui revient sur la scène de l'exploitation cinématographique après plusieurs années de projections pirates en vidéo. Ceci au moment où la meilleure salle de cinéma de la capitale Ibn Zeydoun (Riad El Feth) commune d'El Madania, s'est transformée peu à peu en salle de spectacle musical. Pour la gestion de la salle Sierra Maestra, le président de l'APC a jeté son dévolu sur un membre important de l'Association Lumières. L'Association a énormément collaboré avec Mokhtar Bourouina dans ses activités culturelles, ce qui fait d'elle un bon appui et un bon conseiller pour les activités cinématographiques. La plus importante collaboration est la réalisation d'un documentaire sur le bilan du Président Bouteflika à l'occasion de sa réélection en 2009, diffusé sur la chaîne de la Télévision nationale. Ceci intervient aussi au moment où le ministère de la Culture vient de donner son accord pour la création d'un multiplexe de 7 salles de cinéma avec l'opérateur français Lemoine au nouveau centre commercial de Mohammadia. La bataille d'Alger des salles de cinéma s'annonce rude dans un secteur qui n'arrive pas à se relever face à la concurrence déloyale des DVD pirates et des bouquets satellites qui offrent une possibilité de voir du cinéma à domicile. Alger qui ne dispose plus aujourd'hui que d'une demi-dizaine de salles de cinéma fonctionnelles, en comptait 52 dans les années 60. Toute la régression du cinéma en Algérie s'explique dans ces chiffres qui se passent de commentaires lorsque l'on sait que sur les 350 salles recensées à l'Indépendance, il en reste moins d'une dizaine pour l'ensemble du pays.