La majorité des communes de la wilaya sont restées à l'écart du développement, car ce fameux tronçon ne traverse pas leur territoire. L'activité économique de la wilaya de Tizi Ouzou est, en grande partie, due à ses 11.394 PME. Conscient de leur importance dans le développement local, l'Etat leur a réservé une enveloppe de 45 milliards de dinars. Malgré l'intérêt toujours grandissant que suscitent ces petites structures économiques, beaucoup de problèmes s'opposent à leur essor et partant à celui de toute la wilaya. Nul besoin de recourir aux statistiques pour constater de visu, qu'en majorité, ces PME se concentrent surtout autour de la RN12. Ce tronçon routier traversant la wilaya assure sa liaison avec l'est du pays via la wilaya de Béjaïa et la capitale à l'Ouest. Ainsi, au fil des années, cette route est devenue d'une importance tellement capitale qu'elle constitue le poumon économique de la wilaya en place et rôle des PME. Cette situation dont les conséquences ne sont pas, à court terme, visibles risque de compromettre tous les efforts consentis pour assurer un avenir économique des plus prometteurs. En effet, cette prépondérance trouve son origine dans le manque de visibilité et de projection à long terme qui a, pendant longtemps, caractérisé l'activité économique de la wilaya. La situation calamiteuse dans laquelle se trouvent les 12 zones d'activités réparties à travers les communes en est la preuve incontestable. En raison de leur abandon depuis leur création au début des années 80, une autre se développait anarchiquement sur le long de la RN 12. Certes, les pouvoirs publics ont tenté de les ressusciter. En vain. Du fait que huit d'entre elles sont situées dans des communes lointaines de cet axe routier, donc sans intérêt pour les investisseurs. En outre, l'état de cette route constitue, en elle-même, une réelle entrave à l'activité économique. Hormis la tranche reliant la commune de Tadmaït à l'entrée ouest de la wilaya, le reste du tronçon n'est pas en mesure d'assurer un trafic routier à la mesure d'une intense activité économique. Présentement, les habitants de la région de Azazga, autre partie de cette RN 12, réclament son élargissement pour canaliser le flux routier engendré par l'activité économique qui s'y concentre. Le traçage de cet axe routier n'a pas, d'autre part, été élaboré en respectant les vocations de chaque commune. Alors qu'à son entrée dans la wilaya, la RN 12 traverse les terres agricoles de Tadmaït, elle s'enfonce ensuite sinueuse, vers les hauteurs pour redescendre dans les plaines de Azazga avant de remonter vers les monts de l'Akfadou, dont les villages se vident de leurs populations jour après jour. Cette vision anarchique de l'économie s'agrippe de son côté à une autre forme de désordre dans la répartition de l'activité des PME. Alors que la wilaya et le pays sont fortement dépendants des importations, quelque 2389 entreprises ne sont en fait que des boutiques de commerce de gros qui guettent le passant à tous les virages. Les 2269 autres PME sont concentrées dans le secteur du bâtiment. Le manque de professionnalisme et la médiocrité de l'outil de travail ont fait que ces dernières ont tué les grandes sociétés nationales de construction sans pouvoir assurer le relais. Quelque 1120 autres PME activent dans l'agroalimentaire sans que la wilaya ne puisse produire quelques oignons. Leur rôle se limite à mettre en boîte des produits agricoles importés, favorisant ainsi ce qui est appelé «import-import». Enfin, comble de l'aberration, une majorité des communes de la wilaya sont restées à l'écart du développement, car ce fameux tronçon ne traverse pas leur territoire. Cette situation a engendré leur isolement. La proximité de cette route ou son éloignement devient le barème de l'égalité des chances au développement, risquant ainsi de créer des zones de tension dans l'avenir. La preuve de ces signes avant-coureurs a été donnée à Tigzirt, cet été, lors de la grève et la contestation menées par des commerçants qui réclamaient la fin de l'isolement de leur ville par la réouverture de la RN 24 reliant Tizi Ouzou à Boumerdès via Tigzirt et Dellys. En attendant un éventuel autre découpage administratif approprié, ces populations demeurent à l'écart des plans de développement.