Ces dernières années, les pouvoirs publics ont mis au point des programmes spéciaux et un investissement de 45 milliards de dinars pour booster le secteur. Quelque onze mille trois-cent-quatre-vingt-quatorze (11.394) petites ou moyennes entreprises activent sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou. Ces petites structures économiques sont intimement dépendantes de l'environnement dans lequel elles évoluent. Les situations économique, géographique, climatique, sociologique et surtout économique influent considérablement sur l'activité économique. Elles sont donc primordiales et vitales pour la survie de l'entreprise au niveau local. Ces dernières années, les pouvoirs publics, conscients du rôle des PME dans le développement économique, ont mis au point des programmes spéciaux et un investissement de 45 milliards de dinars pour booster le secteur. D'une part, une panoplie de dispositifs d'aide à la création et au suivi technique en direction des jeunes entrepreneurs a été créée comme l'Ansej, la Cnac, et dernièrement le Fgar et l'Andpme. D'autre part, des conditions néfastes concourent à la paralysie de l'activité économique comme le terrorisme et l'insécurité galopante. Il s'avère, au vu de cette situation, que c'est un véritable bras de fer qui est engagé entre la volonté du développement, d'un côté, et les conditions de sa stagnation, d'un autre.Sur le terrain, il est à s'interroger sur le devenir de ces projets financés par le Trésor public. Un trésor qui dort La wilaya de Tizi Ouzou, bien qu'elle soit dominée par un relief montagneux, regorge d'atouts indéniables pour l'émergence d'une économie régionale très performante. Les variations sub-climatiques et la pluviométrie de la wilaya en ont fait un véritable réservoir d'eau. Ce liquide constitue un vecteur majeur de toute activité. En plus de cette richesse naturelle, le territoire de la wilaya possède le réseau routier le plus dense au niveau national. Un autre atout indéniable qui plaide pour un essor économique inévitable. Ces deux avantages à eux seuls constituent l'élément moteur d'une relance des zones d'activité parsemées à travers tout le territoire de la wilaya. Ces dernières au nombre de douze réparties à travers différentes communes, n'attendent que leur viabilisation. L'Etat a mis à cet effet une enveloppe financière de 56 millions de dinars. Ces lieux ont été affectés pour accueillir une activité économique intense et diversifiée. Mais, jusqu'au jour d'aujourd'hui, les zones demeurent inertes et vides. Seules deux, l'une située à Oued Aïssi et l'autre dans la zone sud de la ville de Tizi Ouzou, sont en activité. Aujourd'hui, l'activité des PME qui auraient pu se développer dans ces zones, est concentrée essentiellement aux alentours de la RN12 qui traverse la wilaya d'ouest en est. Cet axe routier, qui ouvre la wilaya sur la capitale, d'un côté, et l'est du pays d'un autre, s'impose comme le nerf de l'économie locale. Malgré donc l'état passif des zones d'activité qui pourront un jour, si elles sont viabilisées et pourvues de commodités nécessaires à l'activité économique, servir d'assiette, des dizaines de milliers de PME sont créées grâce aux multiples dispositifs qui s'appuient sur les fonds de l'Etat. Les fonds d'aide et la réalité du terrain Tout au début, ces fonds ont été créés non pas dans une stratégie bien étudiée pour relancer le secteur des PME, mais, pour contenir une colère grandissante des jeunes au chômage. Faute d'économie créatrice d'emplois, les pouvoirs publics ont décidé de donner une chance à la jeunesse pour créer son propre emploi. C'était alors le temps à l'Ansej. Malgré les embûches bureaucratiques, ce dispositif a le mérite d'être derrière l'écrasante majorité des PME qui activent aujourd'hui. Ensuite, d'autres dispositifs viendront renforcer cette politique d'autocréation d'emploi comme la Cnac et l'Angem. Les fonds de l'Etat assurent en grande partie les coûts des projets. Mais, il demeure encore un grande inconnue: quelle est la réalité de ces PME sur le terrain aujourd'hui, De prime abord, il a été constaté lors de discussions avec beaucoup de gérants de PME qu'ils ont souffert d'un problème majeur: la bureaucratie du système bancaire algérien. Plus de 20% des projets initiés par les jeunes ont été abandonnés lors de cette étape. Les lenteurs bureaucratiques, les pratiques de pots-de-vin de certains banquiers et la gestion administrative de ces institutions pourtant économiques ont fait que cette étape a été pendant longtemps une embûche dissuasive. Ce constat a finalement conduit les pouvoirs publics à chercher des solutions. Ainsi, et au bonheur des jeunes créateurs de PME, ces dispositifs ont été dotés de commissions mixtes pour la validation des projets. Une fois le dossier déposé, une commission, à laquelle est intégrée la banque, siège en présence du promoteur pour la validation de son projet. Cette façon de faire est appliquée depuis le mois de juin 2008. C'est là une bonne manière de couper l'herbe sous les pieds de banquiers véreux qui passent toujours à travers les mailles du filet de surveillance. Puis, ces petites entreprises une fois créées, se heurtent à un environnement peu favorable. Un regard sur la nature des activités renseigne sur une économie locale en mal de vocation. Sur la totalité des PME, quelque 2389 ne sont que des boutiques commerciales économiquement à nul effet. Quelque 2269 autres activent dans le secteur du bâtiment alors que 1120 PME sont spécialisées dans l'agroalimentaire. La nature régionale pauvre en agriculture en fait d'elles des entités totalement dépendantes de l'importation de produits. Elles sont concentrées affreusement dans l'industrie manufacturière et de transport de marchandises. Bien qu'elles soient porteuses en matière de rentabilité, elles demeurent encore à effet nul sur l'économie nationale qui reste encore loin de l'autosuffisance et en proie aux aléas des marchés internationaux et les multinationales omnivores. En quatrième position, arrivent les PME activant dans les services. Au nombre de 832, elles se spécialisent dans des créneaux porteurs comme l'informatique, la téléphonie et autres. Elles ne sont pas non plus en dehors du circuit de l'importation. Ce qui fait d'elles de petites entités dépendantes de firmes étrangères qui empêchent tout accès à la technologie. Arrive, par la suite, en cinquième position, l'artisanat, l'unique secteur qui s'appuie sur la production et le génie locaux. Comme ces productions reflètent la richesse du terroir, elles ont besoin d'un secteur du tourisme très développé. Celui-ci délaissé depuis l'Indépendance, n'arrive pas à trouver sa place sur la scène maghrébine d'abord avant la dimension internationale. L'Algérie demeure à la traîne des pays nord-africain en matière de tourisme. L'émergence d'investisseurs nationaux dans ce domaine est insignifiante et ce ne sont sans doute pas les propriétaires des hôtels privés qui représentent le tourisme dans notre pays. L'industrie et la culture touristiques restent à créer. La preuve est donnée par les aléas des artisans nationaux. Leur production ne trouve pas de marchés au niveau national alors que son internationalisation a besoin, elle, de touristes étrangers. Parmi les rares artisans qui ont essayé et se sont heurté à l'absence de culture de tourisme, nous avons rencontré un jeune d'El Oued, lors de la semaine de l'artisanat de Tademaït et, qui nous a raconté son histoire. A lui seul, il exprime amplement les difficultés des PME du secteur de l'artisanat malgré les efforts colossaux des pouvoirs publics en financements et en formation.