Selon plusieurs hauts responsables de pays membres du G20, cette décision ne signifie toutefois pas la mort du club des huit pays les plus riches. Le groupe des 20 pays développés et émergents (G20) a conquis une place centrale à côté des G7, G8 et autre G14, en devenant hier l'enceinte principale de la coopération économique internationale. Les dirigeants du G20, réunis jeudi et hier, à Pittsburgh (est des USA), ont accepté que ce groupe devienne le «forum principal pour leur coopération économique internationale», a annoncé la Maison-Blanche dans un communiqué. Le texte ne dit rien du sort du G8, qui s'occupait de la situation économique du monde. De facto, l'annonce faite hier revient à éclipser son rôle. Selon plusieurs hauts responsables de pays membres du G20, cette décision ne signifie toutefois pas la mort du club des huit pays les plus riches. «Il continuera d'être utile» dans le domaine de la sécurité internationale, estime l'un d'entre eux sous couvert d'anonymat. «Il n'y a pas de démantèlement formel du G8, le G20 va devenir central mais cela ne veut pas dire la fin du G8», renchérit une autre source. A l'avenir, il est toutefois peu probable que le G8 se réunisse de manière autonome. «Il y aura des réunions à géométrie variable» et un G8 pourrait être convoqué en marge d'une rencontre plus importante comme un G20 ou un G14, ajoute le même responsable. Une telle réunion, au niveau ministériel, a ainsi eu lieu mercredi soir à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Le G8 comprend les Etats-Unis, la Russie, le Japon, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Canada et l'Allemagne. Le G20, créé en 1999, rassemblait à l'origine les ministres des Finances et les banquiers centraux des 20 économies les plus importantes de la planète. Ces pays représentent environ 90% du Produit intérieur brut mondial (PIB). La crise financière et économique a mis ce groupe en première ligne, et trois sommets rassemblant chefs d'Etat et de gouvernement ont eu lieu en moins d'un an. Le premier s'est déroulé à Washington en novembre 2008, le second à Londres en avril et le troisième se tient depuis jeudi à Pittsburgh. Les prochains devraient se tenir en 2010 au Canada, puis en Corée du Sud. «C'est en 2010 que nous essaierons de discuter de la nouvelle architecture du G20: quels pays doivent en être membres, à quelle fréquence doit-il se réunir? Et 2011 sera l'année de l'application de son nouveau régime», a expliqué la délégation française. Cette institutionnalisation du G20, aux dépens du G8, permettra, selon la Maison-Blanche, de garantir la présence «des pays nécessaires à la construction d'une économie globale plus forte et plus équilibrée, de réformer le système financier et d'améliorer la vie des plus pauvres». Mondialisation oblige, il était acquis depuis plusieurs années que le G8 n'était plus représentatif de la nouvelle gouvernance économique mondiale. Ses derniers sommets ont souvent été élargis à 14 participants: outre les membres du G8, il s'agit de cinq principaux pays émergents - Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Mexique - et de l'Egypte. Le président français Nicolas Sarkozy, pour sa part, avait récemment annoncé qu'en 2011, sous présidence française, l'institutionnalisation du G14 serait achevée. Mais ce format a l'inconvénient de laisser de côté de nombreux poids lourds économiques en Afrique, Amérique Latine, Asie et dans le monde arabe. «La France pensait que le G8 était trop étroit et que le G20 n'avait pas forcément la bonne composition. Est-ce que nous nous rallions au G20? Oui», a précisé à Pittsburgh la délégation française. Le G20, sans l'Egypte, inclut l'Union européenne, l'Argentine, l'Australie, l'Indonésie, l'Arabie Saoudite, la Corée du Sud et la Turquie.