Le secrétaire général de l'ONU appelle le gouvernement afghan à assumer ses responsabilités. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, craint des violences en Afghanistan à l'annonce, prévue dans quelques semaines, des résultats définitifs de l'élection présidentielle, qui pourraient aviver la polémique sur les fraudes, a indiqué l'ONU hier dans un communiqué. Dans son rapport trimestriel sur l'Afghanistan, M.Ban écrit que «le niveau des irrégularités électorales présumées a provoqué d'importantes turbulences politiques faisant craindre un retour de la violence lorsque les résultats des élections seront annoncés». Le secrétaire général juge que «de graves fraudes électorales ont eu lieu, rendues possibles, en premier lieu mais pas uniquement, par le manque d'accès à des régions du pays à cause du conflit en cours». D'après des résultats préliminaires, le président afghan sortant Hamid Karzaï est en tête du scrutin, avec 54,6% des votes déclarés valides, contre 27,8% à son principal rival, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah. Ces résultats ne deviendront définitifs qu'à l'issue des nombreuses enquêtes en cours sur des accusations de fraudes. Si un nombre conséquent de votes sont invalidés, le score de M.Karzaï pourrait passer sous la barre des 50% et le sortant serait contraint d'affronter M.Abdullah dans un second tour. «Un processus crédible de vérification et de recomptage (des bulletins de vote suspectés de fraude) est en train d'arriver à son terme», après lequel «il sera d'une importance cruciale que les résultats soient acceptés par tous, afin que l'élection du futur président afghan puisse être certifiée et qu'un nouveau gouvernement puisse être formé», ajoute le secrétaire général de l'ONU. Pour M.Ban, il est «impératif» que la communauté internationale reste engagée à long terme en Afghanistan, mais il faut prochainement «un changement décisif»: que le gouvernement afghan soit «autorisé et déterminé à assumer toutes les responsabilités qui appartiennent à un Etat souverain», tandis que la communauté internationale doit passer «à un rôle de soutien». Et pour ce changement, «un nouveau contrat entre le gouvernement afghan et son peuple» est essentiel, juge M.Ban. Kaboul doit «jouer son rôle de manière plus efficace et convaincante», ce qui permettra de «consolider le partenariat entre le gouvernement afghan et la communauté internationale». La corruption et l'incompétence de l'Etat afghan sont régulièrement dénoncées par les observateurs et la communauté internationale. Les Afghans avaient voté le 20 août à la seconde élection présidentielle de l'histoire de leur pays. Le même jour se tenaient des élections provinciales. 38,7% des électeurs se sont déplacés ce jour-là, selon les autorités électorales, pour un scrutin marqué par des violences et de nombreuses fraudes présumées. Les observateurs afghans et étrangers avaient rapporté des irrégularités dans tout le pays, à plus ou moins grande échelle selon les sources.