Aujourd'hui sera une journée de haute tension en Kabylie. Tizi Ouzou sera fermée aujourd'hui, la région marquera la journée par une grève générale à l'appel de la Cadc. Comme sera organisée une marche à partir du stade du 1er-Novembre en direction de la maison d'arrêt de la ville, pour exiger la libération des détenus du mouvement citoyen. Cette action, la énième du genre, risque fort de très mal se passer, les autorités ayant depuis très longtemps décidé de ne pas permettre des marches dans la ville de Tizi Ouzou. Le mouvement citoyen, après avoir marqué une certaine retenue, a décidé de réinvestir la rue, seule façon, pour lui, d'exiger la libération des délégués et des citoyens, derrière les barreaux depuis le 25 mars dernier. La tension est là, concrète et palpable et ce d'autant plus qu'à moins de trois jours de la marche d'aujourd'hui, un délégué de la Cadc a été arrêté, le jour même où le Chef du gouvernement appelait au dialogue. «Cette nouvelle affaire» n'est pas faite pour arranger les choses et détendre l'atmosphère. La population a renoué avec l'angoisse qui est désormais, pour le Kabyle, une vieille connaissance. L'on s'attend, en effet, à ce que la marche soit réprimée et que les gaz lacrymogènes parlent. L'air de Tizi Ouzou sera chargé de gaz et la population sera obligée de se cloîtrer chez elle, en ces moments de chaleur suffocante. Pour sa part, la Cadc entend ne pas reculer. Elle exige et la libération des détenus et la satisfaction des revendications de la plate-forme d'El-Kseur. Ce combat, que le Chef du gouvernement, après le chef de l'Etat, considère comme celui d'une cause juste. Une cause qui milite pour plus de démocratie et de liberté. Aujourd'hui, la capitale du Djurdjura entend élever la voix pour mieux se faire entendre. «Ce qu'elle réclame, même Benflis le trouve juste!», dira un citoyen. Et de poursuivre: «C'est ce que nous ne comprenons pas. D'un côté, on nous sert de belles phrases, et de l'autre, on arrête des délégués, on empêche des marches, pourtant pacifiques, bref, l'on nous pousse à bout.» Hier, les rues de la ville donnaient l'image d'une cité paisible: les trottoirs bondés de monde, les cafés et les commerces travaillant normalement. Quelqu'un qui ne serait pas au fait de l'actualité kabyle ne comprendrait pas la crainte affichée par l'habitant. Cependant, la crainte existe. Les échauffourées sont réellement appréhendées, notamment au niveau de la maison d'arrêt où un sit-in est prévu. A moins que, pénétrées par le sens que pourraient prendre d'éventuelles répressions, les autorités ne se décident à laisser les gens marcher. Dans ce cas, on peut espérer que les choses se déroulent sans casse! La Cadc a rendu public un ultimatum, où elle donne 72h à l'administration pour libérer les détenus, faute de quoi, les chefs de daïra seront déclarés: persona non grata en Kabylie et expulsés sinon, empêchés d'exercer. C'est là où les choses risquent de se corser...Sans oublier les élections locales, dont le principe de rejet est entériné par le mouvement citoyen. Un rejet dont les modalités techniques sont examinées par la commission réflexion de la Cadc. Jusqu'à hier en soirée, la commission, qui a suspendu ses travaux pour ne les reprendre que samedi à Bou-Hinoun, n'a rien décidé. Il est vrai que, contrairement aux législatives, les locales intéressent la gestion du quotidien de la cité. Il est donc urgent, pour la commission réflexion de trouver la parade et de proposer des solutions idoines et acceptables pour tous. Pour l'heure, Tizi Ouzou angoissée croise les doigts et prie pour que tout se passe sans incidents. En fait, et les citoyens vous le disent: «La journée sera chaude, aujourd'hui, à Tizi Ouzou et le temps n'y sera pour rien!»