La Cadc affirme qu'elle chasserait de Kabylie tous les chefs de daïra. La Cadc de la wilaya de Tizi Ouzou s'est réunie en conclave ordinaire, ce week-end à Bou-Hinoun à quelques kilomètres, au sud du chef-lieu de wilaya. Trente-neuf délégations ont planché durant une bonne partie de la nuit de jeudi à vendredi, les travaux, suspendus vers 1h ont repris, le lendemain à 10h30. A remarquer qu'au cours des travaux en nocturne, le délégué Belaïd Abrika, actuellement dans la clandestinité, a fait une brève apparition devant la plénière, avant de se retirer. Toujours dans la soirée, M.Ould Ali El-Hadi ancien responsable du RCD, aujourd'hui exclu, a d'abord commencé par être refoulé, le conclave n'acceptant pas la présence d'éléments partisans, du moins ceux trop marqués, avant de se voir autorisé, durant quelques instants, à participer aux travaux. Les débats étaient assez chauds sans toutefois être houleux. Au menu des discussions, outre le bilan des actions, les perspectives du mouvement, figurait en bonne place la position de la Cadc face aux élections locales. Les délégués, après avoir soupesé le pour et le contre et examiné sous toutes les coutures les voies qui s'offrent au mouvement citoyen, ont finalement opté pour le principe du rejet des élections locales. Les délégués se montrant ainsi fidèles au principe arrêté dès le départ: pas de participation aux scrutins électoraux avant la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. Aussi, la Cadc a-t-elle, sans surprise, rejeté les élections du 10 octobre, elle laisse le soin à la commission de réflexion de plancher sur les modalités des principes à appliquer sur le terrain. Comme actions phares, la Cadc a décidé, pour la journée du jeudi 25 juillet, l'organisation d'une marche. Cette manifestation, décidée comme mesure pour exiger la libération des détenus, s'ébranlera du Stade du 1er-Novembre en destination de la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Cette marche sera appuyée par une grève générale, le même jour. Quelques délégués ont émis d'autres propositions, notamment que, pour la journée du 25, les fêtes - mariages et circoncisions - soient reportées et que les sorties vers les plages n'aient pas lieu. La Cadc a également décidé d'adresser un ultimatum au pouvoir. Elle lui donne 72h, à partir du 25 juillet zéro heure, pour libérer les détenus. Faute de quoi, la Cadc affirme qu'elle chasserait de Kabylie, tous les chefs de daïra. Un bras de fer, aussi délicat que difficile s'annonce. A moins que d'ici à là, les choses évoluent dans le sens de l'apaisement et que les détenus soient libérés! Comme a été également décidé un sit-in devant le tribunal de Tizi Ouzou et ce, pour demain. Les délégués ont procédé ensuite à l'installation de la commission de réflexion qui aura à se réunir à Bouzeguène le mardi 23 juillet, afin d'examiner les modalités politiques et techniques du rejet des élections. De même, les commissions juridique et de solidarité ont été redynamisées. Entre autres, des délégués ont demandé que les «députés» de Kabylie soient mis en quarantaine. Leurs listes ont été lues en plénière, d'autres ajoutent que «ceux, des candidats ayant fait acte de retrait des listes électorales devront amener des justificatifs, s'ils ne veulent pas être traités comme les députés». Les débats ne sont pas encore mûrs à ce sujet, mais la Cadc s'achemine vers la mise en quarantaine des «élus» des dernières législatives. A noter également que la présidence sortante a, dans son bilan, souligné que les actions du 5 juillet - la marche - ont été réprimées, alors que la grève générale a été un franc succès. Ce 25e conclave ordinaire de la Cadc révèle, outre la vigueur de la Cadc que certains ont, à un moment donné, cru être essoufflée, une certaine radicalisation qui, si elle ne rencontre pas de répondant positif du pouvoir, annoncera d'autres jours difficiles pour la Kabylie.