La Kabylie commémore aujourd'hui, dans un contexte de forte tension, le 25e anniversaire du printemps berbère. Une marche populaire et une grève générale sont prévues à l'appel de la coordination des étudiants de l'université de Tizi Ouzou et du Mouvement culturel berbère (MCB). Les manifestations organisées ne dérogent pas à la règle des frictions et des tiraillements qui dominent dans la région depuis l'« ouverture démocratique » de 1989, alors que la solidarité a toujours prévalu depuis la naissance du MCB en 1980. La marche et la grève sont soutenues par le RCD ainsi qu'une aile du MCB présidée par Mouloud Lounaouci. L'appel a été initialement lancé par la coordination locale des étudiants de l'université Mouloud Mammeri qui a exhorté toutes les organisations politiques et sociales à adhérer à son action. Le FFS n'a pas pris position et les archs ont préparé un autre programme pour la commémoration du double anniversaire du printemps noir et du printemps berbère. Aujourd'hui, la CADC organise un gala-meeting dans l'après-midi au stade Oukil Ramdane. A 11h, elle procédera à la débaptisation du carrefour situé à la sortie ouest de Tizi Ouzou du nom de Matoub Lounès. A 11h 30, la même activité sera organisée au premier carrefour du centre-ville qui portera l'appellation du Printemps noir, selon le programme de la CADC. En début d'après-midi, les délégués des archs vont se retrouver au stade Oukil Ramdane pour « apporter des éclaircissements sur l'avancée du dialogue ». Le gala prévu à cet endroit est au centre des discussions à Tizi Ouzou en raison des moyens débloqués pour son organisation. Annoncée au programme des festivités, la chanteuse Malika Domrane a rendu public un communiqué où elle se décommande : « Au vu des polémiques qui entourent la commémoration du 20 avril, je ne veux être impliquée ni de près ni de loin dans des querelles aux enjeux mal identifiés. » Une polémique qui s'ajoute à celle créée par la visite du chef du gouvernement à Beni Douala, lundi 18 avril. La structure des archs a évacué les actions de protestation, n'adhérant ni à la grève ni à la marche, estimant que les revendications exprimées par le mouvement citoyen ont reçu les engagements nécessaires des autorités. Une opinion qui est loin d'être partagée par les différents protagonistes de la scène locale, y compris par les structures mêmes des archs, à l'exemple de la coordination communale de Beni Douala. L'aile des archs dite antidialoguiste se joint, elle, à la journée de protestation d'aujourd'hui. La coordination interwilayas du MCB appelle, dans une déclaration, la population à « se joindre massivement à la marche populaire pour faire de ce 25e anniversaire du printemps berbère un moment de fidélité aux martyrs et aux principes de la cause identitaire et démocratique ». La manifestation, inscrite sous les mots d'ordre « Tamazight langue nationale et officielle et pour les libertés démocratiques », démarrera à 10h de l'université de Hasnaoua et se terminera sur la place de l'ancienne mairie, au centre-ville. Des prises de parole vont certainement avoir lieu à la fin de la marche pour donner un autre son de cloche sur le dialogue avec le gouvernement, à l'opposé de celui qui sera donné au stade Oukil Ramdane. A la fin de la matinée, un croisement est possible entre la procession des marcheurs et les organisateurs de la baptisation du carrefour près du Bâtiment bleu, mais les services de sécurité ont déjà géré avec succès ce genre de manifestations opposées.