Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont décrété hier des sanctions ciblées à l'encontre des membres de la junte au pouvoir en Guinée et un embargo sur les armes, a indiqué la présidence suédoise de l'UE. L'UE a «décidé d'adopter des mesures visant les membres du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, la junte au pouvoir) et les individus associés, responsables de la répression violente ou de l'impasse politique dans le pays», selon un texte adopté par les ministres européens à Luxembourg. Selon une source diplomatique, une liste des personnes concernées par ces mesures, qui pourraient consister en des gels d'avoirs et des interdictions de visas pour l'UE, doit être publiée d'ici demain au Journal officiel de l'Union européenne. «Les membres de la junte y figureront, et elle comportera plus ou moins une vingtaine de noms», a précisé un diplomate européen. L'UE a également «décidé d'imposer un embargo sur les armes à la Guinée», précise le texte adopté hier. Ces mesures visent notamment à sanctionner l'implication de la junte dans la répression sanglante d'une manifestation le 28 septembre à Conakry, qui a fait au moins 150 morts selon l'ONU et suscité l'indignation internationale. Soutenu par les Etats-Unis, un embargo sur les armes a déjà été décrété par la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) qui exige du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, de ne pas se présenter à l'élection présidentielle prévue en janvier. L'UE réitère par ailleurs son soutien aux efforts du médiateur de la Cédéao, le président burkinabè Blaise Compaoré, et salue la décision du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de créer une enquête internationale sur la répression de la manifestation du 28 septembre. La Commission européenne a déjà annoncé la semaine dernière une autre mesure de rétorsion. Elle a retiré un projet d'accord de pêche avec la Guinée, estimant qu'il était «politiquement inacceptable» pour Bruxelles de verser de l'argent à la junte au pouvoir. Le projet prévoyait pour les quatre prochaines années une enveloppe de 450.000 euros annuels pour aider au développement du secteur de la pêche en Guinée et 1,6 million d'euros supplémentaires sur quatre ans pour développer le système de contrôle des zones de pêche guinéennes. L'aide au développement de l'UE est déjà gelée depuis le printemps et la Guinée est placée depuis fin juillet sous surveillance par les Européens en attendant un retour à l'Etat de droit, après le coup d'Etat de décembre qui a porté Dadis Camara au pouvoir.