Evénement n Le premier anniversaire du coup d'Etat militaire est célébré, dans toutes les casernes du pays, dans un contexte «difficile sur le plan économique et social», a admis un membre de la junte. Hier, trois semaines après la tentative d'assassinat du numéro un du régime, tous les membres du Conseil national pour la démocratie et le développement (junte) étaient réunis au Palais du peuple, siège de l'Assemblée nationale dissoute. Ils avaient pris le pouvoir le 23 décembre 2008, quelques heures seulement après l'annonce officielle du décès du «général-président», Lansana Conté, mort à 74 ans des suites de maladie, après avoir dirigé le pays pendant 24 ans. «Nous fêtons l'an 1 de cette prise du pouvoir dans un contexte un peu difficile sur le plan économique et social», a déclaré à la Radio nationale le ministre secrétaire permanent du CNDD, le colonel Moussa Keïta. «Notre président bien-aimé est aujourd'hui convalescent», a-t-il poursuivi, en souhaitant qu'il revienne «dans les conditions les meilleures pour réaliser le rêve des Guinéens qui est le bonheur tant attendu». Le capitaine Moussa Dadis Camara, hospitalisé au Maroc, n'a fait aucune déclaration ni apparition depuis qu'il a été blessé à la tête, par balle, le 3 décembre, par son aide de camp, toujours en fuite. Toutefois, le chef de la junte «va mieux et a l'intention de retourner le plus vite possible à Conakry», a déclaré, hier, l'ambassadeur de Guinée au Maroc, Mamadouba Diabaté, soulignant que Moussa Dadis Camara «communique régulièrement avec le gouvernement à Conakry dès que le besoin se fait sentir». Interrogé sur les propos tenus, hier, mardi par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui a mis en garde contre les risques de guerre civile si M. Camara rentrait en Guinée, Mamadouba Diabaté a répondu «ne pas vouloir commenter ce genre de déclarations, car elles sont préjudiciables aussi bien sur le plan humain que politique». Par ailleurs, l'Union européenne a décidé, hier, d'imposer de nouvelles sanctions à la junte guinéenne au pouvoir, notamment le gel des avoirs et l'interdiction d'exporter du «matériel pouvant servir à la répression dans le pays», ont indiqué des sources diplomatiques. L'UE a décidé également d'allonger la liste de personnes liées au régime militaire et déjà interdites de visa d'entrée sur le sol de l'Union européenne. La décision de l'UE a été prise lors d'une réunion ministérielle à Bruxelles, au lendemain de la publication par la commission d'enquête internationale sur la répression sanglante d'une manifestation de l'opposition, le 28 septembre au stade de Conakry, d'un rapport accablant pour les plus hautes autorités guinéennes, qualifiant ces violences de «crimes contre l'humanité».