Le fait que les Etats-Unis renoncent à appeler à un arrêt de la colonisation, a fini par avoir raison de la patience du président palestinien. Environ une année après l'expiration de son mandat et alors que les négociations sur la colonisation sont toujours en cours, le président palestinien a renoncé, jeudi, à se représenter à la présidence de l'Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas qui est à la tête de celle-ci ne participera pas aux élections de janvier prochain. Ce serait le blocage du processus de paix qui aurait motivé cette décision annoncée au comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine. Le secrétaire général du comité exécutif, Yasser Abed Rabbo, a souligné que cette instance avait rejeté la décision à l'unanimité. Ce serait la porte ouverte à Abbas pour revenir sur sa décision et confirmer de la sorte son statut d'héritier politique du leader de la Résistance palestinienne, Yasser Arafat. Les dirigeants de l'OLP ont alors fait savoir qu'ils le soutenaient toujours comme leur candidat à la présidentielle du 24 janvier 2010, a ajouté M.Abed Rabbo. Le scrutin présidentiel doit se dérouler en même temps que les législatives. Le président Mahmoud Abbas a affirmé, lors d'une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie, qu'il ne s'agit pas d'une manoeuvre et qu'il espérait que tout le monde comprendra cette décision. Il la fera comprendre en se référant au blocage du processus de paix au Proche-Orient étant donné que les Etats-Unis ont échoué à convaincre les Israéliens de geler complètement la colonisation dans les territoires palestiniens. Même la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton n'a pas pu arracher des concessions sur le sujet alors que l'Autorité palestinienne réclame un arrêt total de la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem-Est (annexée par Israël en juin 1967) avant une reprise des négociations de paix. Le contentieux de la colonisation constituant la principale pierre d'achoppement à la reprise des négociations israélo-palestiniennes bloquées depuis près d'un an. Des proches du président ont évoqué ce dossier en soulignant que le président Abbas a dit plus d'une fois qu'il ne veut pas être candidat en raison de son sentiment de grande frustration devant la position américaine sur le processus de paix. C'est, en tout cas, l'explication donnée par un dirigeant du Fatah, Nabil Chaâth. Le fait que Hillary Clinton ait soutenu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui veut une reprise des pourparlers sans conditions et sans proposer qu'un gel partiel de la colonisation aurait joué en faveur de la décision du président. Le mouvement Hamas qui contrôle la bande de Ghaza considère l'attitude du président comme une décision interne du Fatah tout en estimant que l'intéressé est ignoré et instrumentalisé par les Israéliens et les Américains. La position de la Maison-Blanche est tout autre. La présidence américaine considère Mahmoud Abbas comme un vrai partenaire sans pour autant se prononcer sur les conséquences qu'aura la décision de Abbas de ne pas se représenter à la tête de l'Autorité palestinienne sur le processus de résolution du conflit israélo-palestinien. Le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs, a même dit que, quelle que soit la décision, les Etats-Unis comptent continuer à travailler avec lui. La Ligue arabe s'est, quant à elle, montrée déçue suite à cette décision. Son secrétaire général, Amr Moussa, a exhorté le président palestinien à revenir sur sa décision de ne pas se représenter à la présidentielle. M.Moussa a eu un entretien téléphonique avec le président de l'Autorité palestinienne pour lui demander de revenir sur sa décision. Même les dirigeants israéliens préfèrent le maintien de Abbas au pouvoir. Ce n'est pas curieux lorsqu'on sait que le président est considéré comme un modéré. Le président israélien Shimon Peres aurait appelé au téléphone M.Abbas pour lui demander de rester en poste sans quoi les Palestiniens vont perdre leur chance de parvenir à un Etat indépendant. Un haut responsable gouvernemental a considéré Abbas comme un partenaire pour la paix aussi longtemps qu'il est au pouvoir. Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, trouve évident qu'Israël et les Etats-Unis ont tout intérêt à ce que les Palestiniens aient une direction pragmatique et responsable. Cet avis tranche avec celui de la presse israélienne selon laquelle cette annonce est un coup tactique destiné à faire pression sur les Etats-Unis tout en répondant à des besoins internes palestiniens.