Le Quartette (Etats-Unis, Europe, ONU et Russie) est revenu cette semaine à l'occasion d'un autre débat sur la question palestinienne, soit la raison même de son existence. Il s'est laissé aller à des vœux et des recommandations sans jamais chercher, encore une fois, à appliquer son plan qui prévoyait la création d'un Etat palestinien en 2005. Eh oui, l'échéance est dépassée et les Palestiniens attendent toujours la fin de l'occupation israélienne. Pire encore, des organisations internationales ont dressé le bilan de ce forum informel, et il est tout simplement négatif. Mais cette fois, le débat est revenu au sein du Conseil de sécurité. Réuni au niveau ministériel à la demande du groupe arabe, l'instance onusienne a débattu de la colonisation juive dans les territoires palestiniens, principale pierre d'achoppement dans les négociations israélo-palestiniennes relancées en novembre 2007 à Annapolis, près de Washington, avec l'objectif d'aboutir en 2008. « La poursuite de la colonisation rend impossible la création d'un Etat palestinien viable », a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al Fayçal. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa a, pour sa part, affirmé lors du débat qui n'a pas été sanctionné d'un vote, que la colonisation « a atteint un point susceptible de tuer tout espoir d'un Etat palestinien viable ». Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a expliqué, cartes à l'appui, que les principaux blocs de colonies « ne permettront pas la création d'un Etat palestinien, puisqu'ils divisent la Cisjordanie en quatre cantons ». « L'alternative à la paix, c'est de voir la région plonger de nouveau dans le cycle meurtrier de la violence », a-t-il averti. M. Abbas a ensuite pris la parole devant l'Assemblée générale de l'ONU pour proclamer son rejet de tout accord partiel avec Israël sous la pression du facteur temps. « Nous allons tenter de réaliser autant de progrès que possible dans les négociations en cours avec les Israéliens d'ici à la fin de l'année, en tenant compte des expériences du passé », a-t-il dit. « Lorsque je parle des expériences du passé, c'est pour dire que les règlements partiels ou provisoires, qui omettent ou reportent certains dossiers essentiels, ne sont pas viables et laissent intactes les racines du conflit, anéantissant ainsi tout progrès accompli sur le chemin de la paix », a-t-il précisé. Inévitablement, le Quartette, réuni au niveau ministériel au siège de l'ONU, est intervenu sur ce thème, mais avec moins de vigueur, lui qui demandait dans sa feuille de route le gel de la colonisation. Ce groupement a exprimé sa « profonde préoccupation devant les activités accrues de colonisation, qui ont un impact négatif sur le climat des négociations et entravent le redressement de l'économie » palestinienne. Il a appelé l'Etat hébreu « à cesser toutes les activités de colonisation, y compris celles liées à la croissance naturelle, et à démanteler les avant-postes (colonies sauvages) construites depuis mars 2001 ». Alors qu'il lui revient de dégager les moyens d'appliquer son plan, le Quartette s'est contenté d'exhorter Israël et les Palestiniens à déployer « tous les efforts nécessaires » pour conclure un accord en 2008 portant « sur toutes les questions de fond sans exception ». Du genre débrouillez-vous, alors que la situation mérite une tout autre approche comme cela s'est passé pour d'autres conflits. Outre l'absence de percée, l'incertitude sur l'issue des négociations a été renforcée par les bouleversements politiques en Israël où le Premier ministre, Ehud Olmert, mis en cause dans des affaires de corruption, a été amené à démissionner et devrait être remplacé par la chef de la diplomatie Tzipi Livni. C'est ce qu'on appelle la gestion par la crise, c'est-à-dire expliquer l'absence de négociations par le vide institutionnel. En fait, et c'est là une stratégie de gouvernement, les Israéliens font tout pour ne pas revenir à la table des négociations.