La rencontre de jeudi à la Maison-Blanche entre le président des Etats-Unis et le leader palestinien était attendu avec beaucoup d'intérêt. Qu'en sortira-t-il se demandait-on à travers le monde, tant le président Barack Obama ne cessait d'affirmer sa détermination à aller de l'avant en se positionnant clairement pour la création d'un Etat palestinien et la fin de la colonisation israélienne ? A vrai dire, même le président de l'Autorité palestinienne n'attendait pas de résultat spectaculaire, tant il y a à faire auprès des Israéliens bien sûr, qui, toutes tendances confondues, s'opposent à une telle approche, et à la satisfaction des droits nationaux du peuple palestinien. On sait aussi que Barack Obama a un projet plus vaste en direction, cette fois, du monde musulman, et qu'il se doit, lors du discours qu'il doit prononcer jeudi prochain au Caire, d'apporter en quelque sorte les éléments, voire les preuves du changement qu'il envisage. Rien donc n'en est sorti, mais le président Obama a réitéré cette position en recevant le dirigeant palestinien qui a annoncé lui avoir remis un plan pour la relance du processus de paix. « Je crois fermement à une solution à deux Etats », la Palestine coexistant avec Israël, a dit M. Obama à la presse à l'issue de son premier entretien avec M. Abbas. Il a aussi rappelé avoir été « très clair quant à la nécessité d'arrêter la colonisation » lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le 18 mai à la Maison-Blanche. Ces deux questions représentent un sérieux différend entre les gouvernements américain et israélien. M. Netanyahu refuse, en effet, d'accepter un règlement à deux Etats, au cœur des efforts de paix de la communauté internationale depuis des années et oppose une fin de non-recevoir à un arrêt total de la colonisation. M. Obama a, toutefois, invoqué la dynamique intérieure israélienne, pour dédramatiser les litiges. « Je pense que nous n'avons pas un moment à perdre » dans l'effort de résolution du conflit, « mais je ne prends pas non plus mes décisions en me fondant simplement sur des discussions que nous avons eues la semaine passée, parce que, de toute évidence, M. Netanyahu doit régler ces questions au sein du gouvernement, de sa propre coalition », a dit M. Obama. Il a aussi refusé de s'enfermer dans un « calendrier artificiel » de résolution du conflit, alors que son prédécesseur, George W. Bush, quand il avait présidé à un effort de relance du processus de paix fin 2007, s'était donné jusqu'à la fin de son mandat en janvier 2009 pour voir un accord entre Israéliens et Palestiniens. « Je veux voir des progrès et nous allons travailler énergiquement pour y parvenir », a-t-il affirmé. Je suis confiant sur le fait que nous pouvons faire avancer ce processus si les parties sont prêtes à honorer leurs engagements. » M. Abbas a annoncé, après la rencontre, avoir remis au président Obama, un document contenant des idées pour la relance du processus de paix israélo-palestinien. « Ce document ne sort pas du cadre de la Feuille de route et de l'initiative de paix arabe. Il contient des idées pour la mise en place de mécanismes d'application de ces deux plans », a déclaré M. Abbas peu avant de quitter Washington. « Le président Obama, a promis d'étudier ce document », a, pour sa part, affirmé le négociateur palestinien Saëb Erakat. L'initiative arabe de paix, lancée par l'Arabie saoudite en 2002, prévoit une normalisation des relations entre les pays arabes et Israël en échange du retrait israélien des territoires arabes occupés depuis 1967 et la création d'un Etat palestinien. Israël l'a rejetée dans sa forme actuelle, principalement en raison de la mention faite au droit au retour des réfugiés palestiniens. Quant à la Feuille de route, elle a été élaborée par le Quartette international Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU et lancée en 2003. Elle prévoyait la création d'un Etat palestinien dans les territoires occupés par Israël pour 2005, mais ses initiateurs n'en ont jamais tenu compte. M. Abbas a qualifié sa rencontre avec M. Obama de « sérieuse et franche ». « Nous avons convenu de rester en contact en permanence », a-t-il ajouté. Interrogé sur le point de savoir s'il était plus optimiste sur la création d'un Etat palestinien sous la présidence Obama, il a répondu : « J'espère que les promesses vont se réaliser. Rien ne l'empêche, à condition qu'Israël ne pose pas d'obstacles. » M. Abbas a, en outre, annoncé une nouvelle visite dans la région le 7 juin de l'émissaire américain George Mitchell. Soit en termes de timing, quarante-huit heures après l'étape égyptienne de Barack Obama et son discours au monde musulman. Pressions du Congrès US Plus de 400 élus de la Chambre des représentants et du Sénat américains ont signé une lettre pour appeler le président Barack Obama à intensifier ses efforts en faveur de la paix au Proche-Orient, a-t-on indiqué, hier, au Congrès. A la Chambre des représentants, 330 membres ont signé la lettre initiée par le chef de la majorité démocrate, Steny Hoyer, et le chef de file de la minorité républicaine, Eric Cantor. La lettre a été envoyée à la Maison-Blanche jeudi soir. Au Sénat, une lettre similaire, signée par 76 sénateurs, a été expédiée au Président la semaine dernière, alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, se trouvait en visite à Washington. « Alors que chaque obstacle est immense, nous sommes d'accord avec vous pour dire que tous les efforts doivent être faits pour essayer de parvenir à la paix le plus vite possible », lit-on dans la lettre de la Chambre. La lettre souligne les « principes-clés » soutenus par les parlementaires : les deux camps doivent négocier eux-mêmes la paix ; les Etats-Unis doivent travailler en collaboration proche avec Israël ; ils doivent insister pour que les Palestiniens renoncent à la violence et qu'ils construisent les institutions nécessaires pour un Etat palestinien viable ; Washington doit insister pour davantage de participation des autres Etats arabes. L'AIPAC, le groupe de pression américain pro-israélien, qui soutient l'initiative des parlementaires, « applaudit le Congrès pour cette importante démonstration, au-delà des clivages partisans, du soutien aux efforts américains pour aider Israël à parvenir à la paix avec ses voisins arabes », a précisé Josh Block, le porte-parole de l'organisation