L'écueil bureaucratique semble être définitivement levé depuis quelques semaines. Au rythme où vont les choses, l'enseignement de la langue amazighe ne tardera pas à être généralisé à l'ensemble des établissements scolaires des wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa. En tout cas, l'écueil bureaucratique semble être définitivement levé depuis l'arrivée du nouveau directeur de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou, selon les affirmations de M.Mehenna Boudinar, président de l'Association des enseignants de tamazight. Dans le cadre du concours de recrutement de nouveaux enseignants du primaire, tamazight a bénéficié de pas moins de 220 postes budgétaires pour l'année scolaire en cours. La wilaya de Tizi Ouzou, pour sa part en a bénéficié de 109, selon M.Boudinar, qui précise que ces recrutements se feront sur concours auquel postuleront les titulaires d'une licence en langue et culture berbères. Ce chiffre portera le nombre des enseignants de tamazight à 700 dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ce qui permettra à l'enseignement de tamazight de connaître une évolution sensible, notamment dans les communes qui en ont été privées jusque-là. L'enseignement de la langue amazighe, dans les deux wilayas, a connu une évolution considérable. A son lancement, en 1995, à la suite d'une année de boycott scolaire, il était assuré par seulement 80 enseignants, de surcroît peu ou mal formés. Lancé dans un climat d'improvisation total, l'enseignement de tamazight s'est débattu dans une multitude de difficultés inextricables au départ. Puis, grâce aux efforts conjugués des enseignants, mus par un esprit de militantisme indéfectible, les choses ont pu rentrer, un tant soit peu, dans l'ordre. Actuellement, tamazight est enseigné dans les 4e et 5e années primaires, dans tous les niveaux au CEM et à tous les paliers au niveau du lycée. L'enseignement s'effectue à raison de trois heures par semaine. Le problème des manuels scolaires est définitivement réglé, selon le président de l'Association des enseignants, qui déplore toutefois, que l'association, créée en 1995, ne soit toujours pas dotée de siège, nonobstant le rôle déterminant qu'elle a joué et qu'elle ne cesse d'accomplir pour l'épanouissement de tamazight dans le système éducatif algérien. Notre interlocuteur salue, en revanche, la décision de la direction de l'éducation d'attribuer un bureau d'inspection de tamazight pour la première fois depuis 1995. Le bureau en question se trouve dans l'enceinte du CEM Babouche, au chef-lieu de wilaya. Trois inspecteurs et trois conseillers pédagogiques ont la charge d'encadrer les 700 enseignants de la wilaya, indique la même source. Avec toutes ces avancées, le président de l'Association des enseignants de la wilaya de Tizi Ouzou ne cache pas sa satisfaction. Il exprime, toutefois, son souhait que le maximum de postes budgétaires soit créé afin de permettre une généralisation totale de l'enseignement de tamazight car le manque en la matière se fait encore ressentir, malgré les efforts. Enfin, notre interlocuteur a tenu à dénoncer énergiquement «le comportement ostraciste de certains directeurs d'établissement qui continuent à marginaliser tamazight et à créer volontairement des blocages de toute sorte pour freiner son enseignement».