«Vous êtes ici pour apporter votre pierre à l'édifice de l'intercompréhension et du dialogue des cultures», a lancé Mme Khalida Toumi aux universitaires et experts africains. «Les mythes anciens à l'épreuve de la modernité dans les littératures africaines» est le thème d'un colloque organisé dans le cadre du 2e Festival culturel panafricain (Panaf 2009), par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), à la salle El Mouggar (Alger) en présence de nombreux chercheurs et experts du continent. Cette rencontre culturelle de deux jours, dont l'ouverture a été présidée samedi dernier, par la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, se veut un prolongement du premier colloque organisé sous le thème de l'anthropologie durant le Panaf, a affirmé M.Hachi Slimane, directeur du Centre de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques, initiateur du colloque. «Il nous faut élargir au maximum la population des lecteurs, non seulement pour offrir, au grand nombre, cette nourriture de l'esprit aussi vitale que la nourriture des corps, mais aussi pour démultiplier nos chances de voir émerger un nombre toujours grandissant de créateurs», a indiqué Mme Khalida Toumi, lors de son intervention. La ministre de la Culture a exprimé sa conviction que «les universitaires, qui interviennent au plus haut niveau des structures de transmission du savoir, ont cette responsabilité et cet insigne honneur de former des formateurs et élargir la populations des lecteurs». La ministre a ajouté: «Vous êtes ici (les universitaires et experts africains) pour apporter votre pierre à l'édifice de l'intercompréhension et du dialogue des cultures.» De son côté, M.Benaouda Lebdaï, professeur à l'université du Maine, spécialiste de littérature africaine, a souligné le rôle «décisif» des mythes endogènes dans le processus d'intégration à la modernité. «De l'examen de la relation entre mythes anciens et nouveaux, se dégagera la mesure du projet de modernité des nations africaines», a-t-il ajouté. Pour sa part, la romancière haïtienne, Elvire Maurouard, a expliqué que «le mythe avait l'idéologie principale des sociétés africaines», soulignant que le colloque aura à débattre de l'importance des mythes dans la littérature africaine, mettre la lumière sur les problèmes que connaît la littérature en Afrique et proposer des solutions. L'Afrique, berceau de l'Humanité, est aussi le berceau culturel. Les soubresauts de l'histoire, avec ses tristes épisodes de la traite négrière et de l'exploitation coloniale, ont malheureusement conduit le continent à l'état dans lequel il se trouve aujourd'hui. La culture africaine garde une tradition vivante d'une forme de littérature orale transmise de génération en génération, dite par les vieux et les jeunes et basée sur les mythes ancestraux, sur les récits de l'esclavage et de la traite négrière et sur les contes produits par des sociétés travaillées par une douloureuse histoire faite d'exploitation et d'humiliation. Ce sont d'abord ces ferments, auxquels s'est ajoutée et greffée une formation scolaire établie sélectivement par les administrations coloniales qui ont permis l'éclatement de la littérature africaine dans ses différentes expressions linguistiques. Aujourd'hui, l'héritage culturel colonial a fait que l'on se départit difficilement de cette classification, car la façon de voir, de recevoir et de diffuser le capital littéraire du continent épouse, en tout cas, parfaitement la classification politique, géographique et économique adoptée et mise en oeuvre par les anciennes puissances coloniales. Ce qui est, d'emblée, fort remarquable dans cette littérature, avec son vaste éventail linguistique, c'est son fonds culturel populaire profondément tiré de la vie authentique africaine; une tradition orale inscrite dans les tréfonds de l'âme et du vécu africains. C'est sans aucun doute un phénomène largement lié à la réaction d'une domination culturelle occidentale induite par le colonialisme, réaction qui va dans le sens de l'affirmation de l'identité par le recours à des référents culturels symbolisant la pureté et l'authenticité originelles. Cette rencontre culturelle de deux jours sera une opportunité pour les chercheurs et experts de mettre en valeur les mythes anciens du continent dans les littératures africaines qui seront à l'épreuve de la modernité et de la mondialisation.